Journal de voyage


Sous cette rubrique vous trouverez tous les jours à partir du 20 septembre (départ du Flon…) et jusqu’au 29 octobre (arrivée à Strasbourg, si tout va bien!) un bref compte rendu de la marche avec l’âne et le chien.

Si vous vous intéressez à une réflexion pondue juste avant le départ (mais bon, ça fait quand même 9 pages…!) cliquez sur l’onglet “Textes divers”.

En cliquant sur l’onglet « Galerie » puis sur le titre « Voyage à Strasbourg » vous pourrez voir les photos !

 

Lundi 21 septembre : Une soupe avec deux amis en pleine forêt à la lampe de poche, l’àne broutant paisiblement a côté de la tente… une douche grâce à un sac militaire avec de l’eau chauffée sur du camping gaz…Ca y est, c’est parti! Maintenant  les amis sont partis, le silence règne dans la forêt, quelques bruits d’animaux sauvages Je vais bientôt dormir, il fait trop froid pour rester dehors. Bonne nuit à tous ceux qui lisent ces nouvelles ce soir du 21!

Mardi 22 septembre : De la cure du Mont, où la super famille Wirth m’a accueillie et dénoué ma tente et regardé les possibilités de trajet… jusque celle de Montpreveyres, où on vient de manger et d’échanger mille choses ensemble…on a le temps de pas mal se perdre sur les sentiers.. Donc je n’avance pas vite mais j’avance!  –  Ce matin un gentil policier s’est arrêté devant ma tente: des promeneurs avaient averti la police qu’une vagabonde avec un âne et un chien campait dans la forêt. Quand j’ai dit que je partirais le même jour il est parti rassuré. – C’est drôle d’être à nouveau dans une vraie maison cette nuit…!

Mercredi 23 septembre : Brrrr! Suis dans ma tente juste à côté de la Broye. Heureusement je suis bien équipée, et Barou dort sur mon ancien matelas. J’étais manger chez Christophe de l’armée du salut à Moudon, et on a discuté de nos désirs d’avenir respectifs. – C’était loin, Moudon, et j’ai les genoux qui râlent. Heureusement une dame m’est devenue ange gardien et m’a guidée jusqu’au camping. Merci Maryline!

Jeudi 24 septembre : Aujourd’hui Christophe de Moudon m’aide à monter sa tente. La mienne devient de moins en moins fiable  et il en a une de réserve. Super sympa!  Avant le départ je suis invitée pour le spaghetti par Christine et Moreno; avec Christine j’avais eu une longue discussion le matin. – Ludo m’accompagne un bout. En route on est salués par une famille syrienne qui nous invite pour des grillades. Trop bon! Et tellement généreux aussi…

 

Vendredi 25 septembre : Qu’est ce que la nuit tombe vite! Je suis assise devant ma tente, je mange ma potée bio Coop et la lune apparaît derrière l’arbre. Le trajet jusqu’ici à Granges Marnand était tranquille, à part le  blocage de Speedy devant un pont. Ce matin j’ai partagé le petit dej avec Abi, le voisin de « mon » pré, et on a eu une super discussion. Ensuite les enfants de l’école ont prié pour moi et j’étais touchée par leur intérêt et leur authenticité. Fait du bien!

Samedi 26 septembre : La lune semble pleine, cette nuit dans un pré au pont neuf de Corcelles sur Payerne. Oui, déjà! On n’en revenait pas, Christian, Viviane (qui faisaient route avec moi aujourd’hui) et moi, qu’on soit aussi loin que ça. Speedy trottait bien, ça aide! En route et ce soir pendant le souper, où Christoph nous a rejoints, on se posait la question quelle était la chose qui nous avait le plus marqués cette année. Ça donne des discussions qui vont loin…

Dimanche 27 septembre : Je suis en train de dévorer un poulet au resto du camping de la plage d’Avenches, en regardant les lumières du lac de Morat. Je suis étonnée de la distance parcourue aujourd’hui. Speedy aussi: il protestait vivement en cours de route mais au moins il ne s’est pas couché sur la route comme à Lucens…-  Que des contrastes aujourd’hui : entre l’autoroute que je longeait et ses voitures se précipitant, et l’âne cherchant paisiblement son chemin… entre la simplicité du chemin suivant la Broye et de sa nature splendide, et la complexité du Natel et de toutes les contraintes que celui – ci implique  (c’est pourquoi je préfère le laisser éteint)… entre mon idéal d’être en chemin, et la réalité… entre mon idéal de celle que j’aimerais être, et celle que je suis… Heureusement que Dieu nous tient fermement et avec humour entre ses mains.

Lundi 28 septembre : « Votre café, vous le voulez avec ou sans sucre et crème? » C’est comme ça que je suis saluée ce matin par Roger Stucki, responsable du camping merveilleux où j’ai atterri hier soir. Déjà hier lui et sa femme Liliane m’ont aidée à faire la lessive, l’ont séchée chez eux. La gentillesse des gens que je rencontre en cours de route est bouleversante, ici et avant: camping de Moudon, Cinette à Lucens, qui m’a écrit un verset pour la route que je lis chaque jour, Ursula et Marlyse qui nous accueillent à la ferme au pont neuf…tous comme des « anges gardiens », cadeaux sur la route où on est plus vulnérable que ce qu’on croit…et ce qu’on aimerait…!

Mardi 29 septembre : Depuis que j’ai décidé de prendre un jour de repos je me rends compte que j’étais… fatiguée. Ça m’énerve un peu: je suis censée être en route librement et joyeusement et donc fraîche et reposée. Ben non. Étant assise au soleil avec mon café préparé sur le fidèle camping gaz j’ai le temps de faire un premier bilan. Et la première chose qui saute aux yeux, c’est que justement, j’avais très peu de temps.

Se réveiller à 7.00, faire la gym sans laquelle mon corps va protester toute la journée, sortir Barou, prendre soin de Speedy, petit dėj, chercher des allumettes, pas trouver, râler, trouver enfin, préparer, m’asseoir dans une crotte de Speedy, me nettoyer, constater que Barou a renversé mon café. Je saute la suite. – Puis préparer les bagages, jeter ou confier à la personne qui m’accueille encore un truc qui me paraissait pourtant essentiel… Mais j’ai appris qu’il y a « essentiel » et réellement essentiel, et vu la mauvaise humeur de Speedy après que mon groupe de soutien m’a apporté des commis, je laisse sur place même mon… miroir. Oui, j’ai honte de le dire, mais je crois que j’y tenais comme dernier vestige de la vie quittée.

J’avais même triché, car Dieu m’avait demandé de laisser mes fameux sacs militaires, mes dattes en trop, et mon miroir. Il semblait y tenir et j’étais d’accord. Mais en faisant mes bagages je l’avais quand même glissé dans la sacoche. C’est drôle comme Dieu entre parfois dans les détails: il disait quelque chose comme « Ce n’était pas le deal! », et maintenant ledit miroir repose dans un des sacs militaires dans une cabane du camping, où il attend que mon groupe de soutien le récupère un jour. Ça fait un peu voiture de balai, partout je laisse de « l’essentiel »…

Alors, en route (ai! Speedy bouffe ma chaise!) je pensais faire  tranquillement mon chemin. Or, souvent je suis tout sauf tranquille. Speedy veut manger, moi je veux avancer. Les deux s’excluent mutuellement. Speedy veut admirer la nature, moi je veux savoir si je vais dans la bonne direction. Speedy bouffe les géraniums d’un jardin un peu snob, moi j’essaye de comprendre mon GPS tout nouveau et plein de mystères, avec une voix qui commence à me diriger joyeusement vers l’adresse reçue par un ami, puis tout à coup se tait à jamais.

Speedy se couche au plein milieu de la route à 300 mètres de l’arrivée, moi je me fais engueuler par les gens: «Mais, le PAUVRE petit âne, mais Madame, portez vos bagages vous même! » Speedy rit (le poids de mes bagages, c’est de la rigolade pour lui, même si le volume est impressionnant; d’ailleurs, il ne se couche jamais s’il n’y a personne pour le plaindre), moi j’essaye de récupérer mon Natel tombé entretemps dans une sorte de cactus. Speedy considère un pont terriblement dangereux, refuse de le prendre et m’oblige à faire un détour qui me coûtera des heures, moi j’essaye de déceler un nouveau trajet sans ponts, sans barrières, sans chevaux, et sans trèfles.     Etc. etc…

J’arrive à la fin de la description d’une journée qui se veut tranquille. J’arrive quelque part où on veut bien d’un âne, d’un chien et d’une personne un peu pâle et mal coiffée. Je plante Speedy, je le décharge, je le câline ou pas encore, suivant son comportement des dernières heures, je plante ma tente, j’installe l’intérieur, je prends une douche dehors ou dedans si on m’invite, je prépare ma potée ou suis invitée, je réponds aux sms, je me rends compte que j’ai oublié d’allumer mon Natel entre 7 et 8 comme promis, je me repens, ça sert à rien, je téléphone mais la batterie est vide grâce au GPS, je me mets dans mon gros sac de couchage si consolateur sur mon gros matelas tout aussi consolateur mais qui font râler les gens qui pensent que je mets des tonnes sur mon âne, je remercie Dieu et je prie qu’il veille sur moi et les bêtes, c’est minuit, la journée tranquille s’en va dans le ronflement sonore de mon chien, heureux comme tout de cette magnifique aventure.

Mercredi 30 septembre : Je suis assise dans le noir devant mon camping gaz en attendant que mes lentilles soient prêtes. C’était un super trajet aujourd’hui, du lac de Morat par Ins vers le lac de Bienne…que je voyais seulement de loin car Vinelz (près de Erlach) était juste trop loin. Un paysan m’a prêté son pré, et je vois plein d’étoiles…

Jeudi 1er octobre : Ce matin j’ai découvert une nouvelle posture de prière: les pieds dans mon sac de couchage et mes mains dans mes poches… Avec l’éternelle bise il fait tellement froid que j’aurai besoin de gants. En plus mon matelas s’est tristement dégonflé pendant la nuit,  de sorte que je me trouvais presque à ras le sol: pas génial comme expérience. Mais ça me rappelle ma prière,  justement: elle aussi, elle me fait atterrir dans un sens. En priant Agbia, la prière orthodoxe copte (sur le site sous « textes des rencontres ») tous les matins, je me rends compte que je n’ai encore presque rien compris de qui est Dieu. Je commence à voir, Il me montre comment Il est et du coup je vois l’immensité de mon illusion. A ras le sol… Mais, contrairement à l’expérience de cette nuit, la joie s’y mêle.

Samedi 3 octobre : La pluie tombe sur la tente, mais on est dedans et au chaud, Speedy sous un arbre. Les premières gouttes ont commencé à tomber au moment que mes visiteurs d’ aujourd’hui: Smaïl, Viviane et Christian, partaient, après une belle balade ensemble au soleil, un souper et une prière au bord du canal. On a trouvé un endroit pour la nuit ici à Brügg, près de Bienne, dans un jardin privé. La propriétaire nous a servi un thé chaud, et j’ai pu prendre ma douche à  l’hôtel du Jura juste à côté. Que des cadeaux…

Dimanche 4 octobre : Encore une journée pleine de soleil: petit déjeuner offert par Rebecca dans la magnifique « villa Kunterbunt », indications pour la route précises par son frère qui vient à vélo pour corriger le tir, Speedy qui a du plaisir à marcher  (depuis que Jacob est venu à Lucherz pour m’aider à mieux comprendre l’âme de l’âne – merci encore Jacob! – je me sens plus à l’aise ), une amie du tipi qui m’ amène un super gâteau et fait un grand bout de chemin avec moi, son mari qui prend les bagages de Speedy pour qu’on aille un peu plus vite et qu’on arrive jusqu’au camping de Staad, les visiteurs en route pleins de chaleur et d’humour…

Lundi 5 octobre : Je suis assise dans la douche du camping: elle est luxueusement chauffée et illuminée… Quand je suis arrivée avec Christophe à ce camping dans le village des cigognes, Altreu,  j’ai décidé de ne pas aller plus loin aujourd’hui, mes genoux font mal après la marche trop longue de hier. Du coup j’ai un peu de temps pour voir les alentours: une expo très chouette sur les oiseaux, et le village. J’y  rencontre un monsieur, il me fait un tour privé dans la maison où les saucisses Liechti sont fumées, et grâce à mon enthousiasme et sa générosité je sors avec une saucisse et un gros bout de lard qui était carrément immense quand il me la donnait, mais en pensant à Speedy je lui demandais de me couper juste un bout. Barou était très intrigué tout le long, et les deux on a trouvé la saucisse excellente! D’ailleurs, si un jour je me marie, ce qui n’est pas très probable vu mon grand age, je le ferai peut être ici: saucisses, lard, pain, vin rouge et blanc, tout ça pour 15,- par personne…

Mardi 6 octobre : J’ai atterri au paradis. Steak de cerf,  pois mange-tout, maïs, salade et Zinfandel rouge californien 2012. Dessert yoghurt et Ragusa blond. Et tout ça au chaud et, surtout, au sec: je suis à l’armée du salut à Soleure où on a accueili dans son studio une pasteure, un âne et un chien tous aussi trempes l’un que l’autre. La pasteure prend son souper grâce au Denner en face et son action 50% sur le fameux Zinfandel, l’âne est sur la paille au garage et mange de grandes quantités de foin, tout ça fourni par Gérard qui ne veut pas que je le paye. Le chien est juste totalement reconnaissant d’être au sec après un après midi sous une pluie constante. Et moi je suis reconnaissante aussi: quand tout à coup il a commencé à pleuvoir vraiment sérieusement et que j’ai enlevé mes bagages de Speedy, j’ai vu une petite cabane  plus petite que la mienne au Flon mais tout aussi chaleureuse, car avec Roly dedans: Roly qui m’accueille avec Barou et me met au sec et au chaud et à l’hospitalité simple et spontanée:  » C’est normal! »

Mercredi 7 octobre : Je suis dans un jardin privatif à quelques kilomètres au sud de Wangen. Ça fait un peu vague mais je ne sais pas davantage. – Ce matin avant que je parte il y a tout à coup Roly qui débarque à l’armée du salut avec une mini planche à couper: « Pour le lard! » Car dans sa cabane j’avais cherché en vain quelque chose pour couper le lard reçu à Altreu, super bon mais super dur! – Demain je quitte la rivière pour me rapprocher du Jura…

Jeudi 8 octobre : Et me voilà dans une communauté de vie dans une superbe maison de 1700 quelque chose, entre Oensingen et Balsthal. Les gens sont super gentils et Dani m’a même donné son sandwich et deux saucisses grillées… – J’ai réfléchi aujourd’hui à une des questions que les personnes que je rencontre en cours de route posent le plus souvent: comment savoir si c’est Dieu qui nous parle dans notre coeur, ou si c’est juste nous, ou si c’est même l’autre, l’adversaire? Dieu m’entraîne ces jours et j’apprends, j’apprends vraiment mais qu’est ce que je suis lente…!

Vendredi 9 octobre : J’étais réveillée à 5.15, alors je suis partie tôt cette fois. Mais ce n’est pas drôle de préparer dans le noir et le froid. On a passé par Balsthal, où un expert de sabots d’âne (www.eselhuf.ch) qui habitait en face de mon lieu de pique nique a regardé les pattes de Speedy: tout va bien! – Après une longe montée par la Römerstrasse on est arrivé à Holderbank, puis à  Waldenburg, où je suis maintenant dans le pré d’un restaurant dont j’ai oublié le nom, cest honteux car les patrons sont super sympas, je dirai demain mais je ne vais pas sortir de ma tente pour regarder: il ne doit pas faire plus que 4 degrés… la photo montre que je suis bien dans le Jura. ..

Samedi 10 octobre : Le restaurant Bachtal il s’appelle!  –  Maintenant je suis à la moitié de ma marche de 40 jours. C’est drôle: ce n’est pas du tout comme j’aurais pensé! Je me rends compte à quel point j’étais encore enfermée dans ce que la rencontre du matin  (voir sur le site si jamais) appelle « ces ‘il faut’ sans relâche, cette autarcie qui remplace Ton Esprit »: moi j’étais et je suis malheureusement encore dans des ‘il faut’ l’un apparemment aussi légitime que l’autre…Des exemples? Il faut avancer. Il faut avancer spirituellement aussi, sinon à quoi ça sert d’être en route? Il faut être paisible et joyeuse. Sinon pourquoi partir? Et c’est quoi comme témoignage?! Il faut rencontrer et avoir de bonnes discussions avec au moins – au MOINS! – une personne par jour. Sinon ça ne vaut pas la peine d’être pasteure nomade. Il faut … « STOP! » dit Dieu. Tout tranquillement mais fermement quand même. Ça vient de Moi, tu crois, tout ça?! » –  » Euh, sais pas, ça semble un peu juste quand même… » –  » Réfléchis: ça te rapproche de Moi? Ça te semble le joug léger et facile et nouveau dont Je te parlais? » – « Non, pas vraiment non… » – « Je suis d’accord. T’es d’accord de laisser tomber? » – « Mpffff… » – « Connais pas ce mot mais je pars du principe que c’est ok? » – « Ok! Ouf! Me sens mieux. Plus. légère… »

Lundi 12 octobre : Je suis, on est assis dans un pré, cest 20.00 et il fait totalement noir. Jacob nous a posés ici, après nous avoir fait passer la frontière à Boncourt, ce qui n’était pas si évident que ça… Merci Jacob, t’as eu de la patience même quand je me paumais pour la troisième fois en cherchant un pré « adéquat »! – Depuis Waldenburg, Laurence (que je ne connaissais pas mais connais maintenant, merci pour les échanges passionants!), Christian et moi sommes arrivés dans un pré ( il me semble que je passe la moitié de mon temps dans des prés ces derniers temps) avant Hölstein. Accueil sympa par Ursula et sa petite fille Selina, même si la première était découragée par une voisine qui croyait que cette pasteure itinérante ne pouvait être qu’une arnaque… Le matin vécu un super moment avec Yvonne qui promenait son chien et tombait sur un âne… – Depuis là toute seule au camping Wiesengrund près de Bubendorf, où ma meilleure amie Thea m’a rejointe à vélo (et quel vélo!) pour passer un moment ensemble. Ce petit camping sympa  risque d’être englouti par une grosse boîte à côté qui veut sa peau, mais les gens veulent se battre. J’espère qu’ils gagnent, courage! Le soir j’étais invitée chez Emil, le voisin, pour un verre et une longue discussion.  Et c’est là que Jacob est venu ce matin pour nous amener à Boncourt, où ses ânes ont l’habitude de passer la frontière!

Mardi 13 octobre : Je suis à la ferme des Sutter au Petit Landau, grâce au maire que j’ai rencontré en cours de route et qui m’a donné le tuyau. Accueil magnifique, aide pour la tente par Jules de 10 ans, douche chaude, repas partagé, question partagée: comment aimer Dieu? Maintenant de retour dans ma tente froide…Demain je partirai pour les villages qui terminent sur « heim », en ayant des adresses dans ma poche: Agnès et Antoine ont contacté tout leur réseau pour que je ne sois pas livrée au froid…!

Vendredi 16 octobre : Bantzenheim, Blodelsheim, Rheinfelderhof – je fais du « ferme-hopping » ces temps, je saute d’une ferme accueillante à l’autre et c’est très chouette que les hôtes eux mêmes téléphonent à une connaissance pour me préparer la nuit suivante, surtout avec le froid glacial et la pluie. Ainsi ce sont Alice et Gabriel qui m’accueillent à Bantzenheim, après un chocolat chaud en route chez Patricia: ils doivent partir le soir mais me laissent la clé et une table pleine de gentillesse. Ensuite ils « me passent à » Marie-Lea, Christophe et leur fils Xavier à Blodelsheim. Je n’oublierai plus le petit dej et notre discussion. Et maintenant ma tente se dresse dans le jardin des Peterschmitt à  Rheinfelderhof, une petite communauté mennonite, où je viens de visiter le séchoir de maïs. C’est non seulement passionnant puisque Didier est passionné, c’est aussi drôle de voir le résultat après avoir traversé champ après champ de maïs, tout en essayant d’empêcher Speedy de mettre toutes les trois secondes son museau en bas pour glaner des restes qu’ont laissés les grandes moisonneuses…

Week-end 17 et 18 octobre : De Rheinfelderhof, où je suis accueillie comme une reine par Didier, Frank, Eliane et Ruth Peterschmitt, on trotte à 6: Ruth, Christian, Speedy, Barou, Mathias et moi allons tellement vite que nous dépassons Weckolsheim, où je pensais loger, pour arriver à Biesheim, 15 km plus loin!

Grâce à Aude de mon groupe de soutien, qui m’encourage à prendre une pause, je reste une journée à l’hôtel La Clef des champs. Arrêt! Au chaud, au sec, je ne me rendais pas compte à quel point j’en avais besoin… Mes mains font mal, l’éternel « Hochnebel » me plombe, pas de soleil pendant presque une semaine… Pas facile! – Ce dimanche je vais au culte avec Myriam, la soeur de Ruth, Barou dort dans ma chambre, Speedy est logé dans une écurie 4 étoiles chez Christoph, le mari de Myriam.

A 16.00 rendez vous avec Ursula de l’autre côté du Rhin, discussion chouette dans le jardin, petite lessive, la journée est déjà passée…

Demain soir je veux bien à nouveau  braver sous ma tente les 1 à 4 degrés qu’il a fait cette dernière semaine (d’ailleurs, les nuits je n’ai jamais eu froid, c’est davantage Barou qui me fait souci) – mais ce soir je suis reconnaissante pour les 20° d’ici!

Lundi 19 octobre : Ouf, quel cadeau, je suis au sec dans une petite baraque en bois, faisant partie de l’écurie du Grand Ried à Artzenheim. Ai pris ma douche et le repas du soir à nouveau chez Myriam et Christophe. C’était une super belle balade aujourd’hui, et je suis contente des rencontres avec les gens pour qui je vais prier maintenant.

Mardi 20 octobre : Marckolsheim, pré. Speedy broute à côté de la tente, je viens de rentrer d’un resto sympa avec Ruth et Lukas, le journaliste de la tv suisse alémanique qui va venir mercredi prochain pour faire un reportage et qui voulait déjà prendre la température. Sympa. Ce matin rencontre chaleureuse avec un petit groupe qui venait à l’écurie d’Alexi et qui profitait pour dire bonjour à l’âne. Speedy est toujours au top dans ces moments là…- Merci Alexi, tu m’as vraiment rendu service en me proposant ta cabane, il a gelé la nuit passée…

Mercredi 21 octobre : Après une longue discussion avec Theo, le proprio du pré de hier soir,  et un bon repas de midi avec lui et sa femme Ruth, je pars enfin avec mes deux bêtes pour arriver à peine 2.30 heures plus tard à mon adresse d’aujourd’hui – pas sérieux ça! C’est qu’ils sont tellement sympas et disaient si chaleureusement que je pouvais passer la nuit à l’écluse que je l’ai fait. Je sors d’une discussion passionnante avec Nathalie, Sebastien et leurs enfants  et Louison. Demain je les verrai encore ici car ma tente va rester deux nuits: Daniel de Colmar, que je ne connais pas mais je me réjouis de faire sa connaissance!, m’a invitée à visiter sa ville avec sa fille, qui viendra me chercher en voiture. Sébastien qui travaille ici m’a promis de faire chaque heure un calin à Speedy donc je pars tranquille. Trop beau!, et puisque Strasbourg n’est plus très loin j’ai le temps pour une excursion-surprise!

Jeudi 22 octobre : Mon smartphone a biffé hier le nom de la fille aînée, je vois: c’est Valentine et Louison! Valentine pose des questions très poussées et a envie de découvrir. Ce matin devant ma tente on a fait un bout de la prière du matin ensemble, les trois, super! – Puis la fille de Jean Daniel (pas Daniel…!) qui m’avait invitée,  Marianne, est venue me chercher et, après une discussion avec son papa et un repas en famille, m’a montré Colmar durant tout l’après midi. J’ai beaucoup aimé, et spécialement le vieux café Au Croissant Doré, où on sert des chocolats viennois trop bons et où on doit pomper avec le pied pour que l’eau sorte du robinet aux toilettes…

Vendredi 23 octobre : J’ai pas mal réfléchi cette nuit. Si je regarde en arrière, ces 32 jours passés, je sens un mélange bizarre de reconnaissance et de tristesse. Reconnaissance pour tout ce que Dieu a fait, à travers les autres ou « directement ». Vraiment beau! – Et tristesse parce que j’ai l’impression, à tort ou à raison, qu’on ne veut pas vraiment de la réalité de Dieu tel qu’il est, tel qu’il se fait connaître. On Le met dans un moule qui nous convient, qui ne nous dérange pas trop, qu’il nous laisse là où nous sommes, dans notre confort matériel, social, psychique et spirituel: « Touche pas! »

Moi incluse!, si je ne me gaffe pas. Et alors, Dieu ne peut pas avancer beaucoup avec nous. Si nous ne voulons pas « quitter nos illusions, nos fausses images et les pensées, sentiments et comportements qui en résultent, pour te chercher et te trouver, Toi, pour T’aimer de tout notre coeur, Te servir en toute liberté, et ainsi nous retrouver et nous aimer nous mêmes, et retrouver et aimer notre prochain (Voir onglet « textes des rencontres » sur le site), nous n’allons pas trouver. Dieu a été assez clair là dessus. C’est un peu comme si on veut bien d’un peu de dieu, mais pas du Dieu vivant, qui nous bouscule, nous transforme, nous renouvelle. Et c’est comme si… les chrétiens n’en veulent pas non plus…

Alors quoi? Quitter quoi?! C’est quoi nos illusions?! Qui nous emprisonnent, nous aveuglent, par lesquelles on se fait avoir – tous? Et contre lesquelles Dieu s’est battu, se bat et se battra toujours?

Pas de douche ce soir dans mon pré, c’est embêtant. Mais ma bonne soupe aux lentilles enrichie d’un onion des Sutter au Petit Landau…A la lampe de poche: la nuit tombe à 19.00. Dimanche ça sera pire… Je viens de faire la vaisselle avec de l’herbe et un peu de savon, va extra. Les jeunes qui m’ont montré le pré ont été chercher de l’eau pour moi au magasin et pour les bêtes au canal. Trop gentil!

Samedi 24 octobre : Après mon pré à Sundhouse, où j’étais acceuillie d’abord par les jeunes, puis le matin par Gaelle, la voisine, qui me donne en plus une merveilleuse soupe pour la route, c’est le cap vers Neunkirch, un couvent et lieu de pèlerinage. Christian vient avec moi, comme toujours il a la voiture pleine de commis, super. En route pas mal de gens qui me reconnaissent à partir de l’article paru dimanche passé dans le quotidien les Dernières Nouvelles d’Alsace. Katia, rencontrée (trop!) brièvement à Sundhouse, nous apporte du chocolat, Angèle, qui m’a téléphoné la veille et sait que je suis un peu malade, apporte des médicaments. Arrivée à Neunkirch, une nouvelle surprise nous attend: Frère (ou père, je ne sais jamais) Gérard nous attend avec un pré tout prêt pour Speedy et la tente, et nous invite le soir à la ferme de Truly pour une tarte flambée! Tellement sympa! En plus, ce matin pour le petit dej et, après la messe, à laquelle j’ai bien sûr participé, pour l’apéro et ensuite encore pour un repas avec Gérard et les deux autres prêtres, André et Norbert. Trop beau. Merci à vous tous!

Dimanche 25 octobre : Gérard vient de me montrer la statue de l’apôtre Pierre, fronçant les sourcils parce qu’en face de l’apôtre Paul, le seul à sortir avec son vêtement du cadre! – Il me montre aussi la petite statuette de la vierge avec l’enfant Jésus, à l’origine de ce lieu de pèlerinage: le petit pointe du doigt un texte dans le livre, comme s’il disait: pas besoin de chercher de l’extraordinaire ou du lointain: c’est ici  dans l’Ecriture que vous trouverez l’essentiel. Ou avec les mots de Deuteronome 30, 14: « Cette parole est tout près de toi, dans ta bouche et dans ton coeur, pour la mettre en pratique. »

Lundi 26 octobre : Ouf! Le brouillard ici c’est quelque chose! Le « Ried », le marécage d’ici, porte bien son nom. J’avais le sentiment aujourd’hui de ne jamais arriver. Pourtant la journée commençait bien: après un moment de partage sympa avec un groupe de jeunes  (voir photo) et l’au revoir aux prêtres du lieu (autre photo) départ comme toujours vers le nord en longeant le canal. Divers moments de discussion avec des passants. Tout à coup je vois Barou dans le canal, il a dû tomber en buvant, il essaye de s’en sortir mais n’arrive pas, le bord est trop vertical. Un passant me vient en aide, ensemble on le tire enfin de l’eau – merci Monsieur l’inconnu! – mais il a passé pas mal de temps dans l’eau et j’ai un peu peur pour lui. Pas de maisons; Gerstheim, où je téléphone car Gérard m’a donné un numéro, est encore loin. Brouillard, canal, un pont après l’autre, enfin l’écluse 78, Alfred et Christiane nous attendent, mettent Barou au chaud, me donnent à manger, un bon verre de rouge… Comme je disais: Ouf!

Mardi 27 octobre : Je suis au resto « Au Soleil » à Nordhouse  et profite de l’excellente cuisine alsacienne – en plus c’est à des prix abordables, on est en France, où le magret de canard que j’aime plus que tout ne coûte que 16.50,-…Sympa! Le chien du proprio, Snoopy, nargue un peu Barou, question de deux mâles qui se guettent pour voir qui est le plus fort… – Aujourd’hui, grâce à Nicolas qui m’a installé un truc gratuit de cartes et de navigation, une magnifique balade à travers la forêt, mystérieuse dans le brouillard… Pour arriver à la menuiserie Goepp, où je loge avec mes deux bêtes cette nuit. Tout est mouillé; comme le dit le patron du resto,  » le brouillard, ça entre dans la peau! » Mais maintenant je suis séchée et réchauffée et ainsi je peux aller dormir dans ma tente trempée…

Mercredi 28 octobre : Quelle journée hier… Heureusement que Dieu envoie des « anges » quand on tombe en panne… – Joli début, l’équipe de la TV suisse alémanique arrive à la menuiserie Goepp à Nordhouse, où ma tente est plantée, on part ensemble pour un bout de marche et Jean Marie nous accompagne à travers une superbe forêt jusqu’au canal.

Mais Barou ne va pas bien, il a vomi plein de chenit, trotte assez joyeusement à côté de nous mais je connais mon chien… J’écoute son coeur qui bat la chamade et appelle Christiane Goepp pour le no de téléphone d’un veto. Rendez vous à 16.30, la balade continue mais mon coeur n’y est pas. Heureusement qu’il y a la rencontre avec Ruth, Didier et Mathias Peterschmitt qui nous rejoignent pour un petit bout de marche, mais je ne peux même pas leur dire au revoir, il faut arriver à Eschau chez les Rohmer pour leur confier Speedy et bagages avant de partir pour le vétérinaire dans la voiture de l’équipe TV. Ils sont super, m’attendent. Barou a la pyroplasmose, 40,2 de fièvre, prises de sang, revenir dans une demi-heure. Injections, antibiotiques, exclu de marcher avec lui jeudi. Retour à Eschau où l’équipe me dit au revoir, ils ont pu prendre la réalité en images… Speedy est à l’abri mais je dois trouver un lieu pour moi et le chien pour la nuit, exclu de mettre Barou dans une tente humide et froide.

Jai téléphoné déjà dans la voiture pour réserver un petit hôtel mais sans succès. Angèle m’offre un petit local à côté de la laiterie mais le chauffage ne fonctionne pas. Que faire?  J’entends une voix : »Vous pouvez venir chez moi! » Un homme à la porte a tout entendu, me met avec Barou et bagages dans sa voiture et m’amène à la ferme du moulin à Plobsheim. Où je suis accueillie comme une reine, où Barou peut se reposer au chaud. Je fais meilleure connaissance avec et Christine, on se dit qu’on va se coucher tôt…Mais Barou n’est pas bien, son museau gonfle, ses yeux commencent à se cacher sous des œdèmes. Nouvel appel au véto, cette fois celui de garde.

Une demi-heure de route…Christine, courageuse, nous amène, dans la nuit et la pluie… Nouvelle consultation, cortisone… Quelle journée! Mais Barou peut se reposer, pas de marche pour jeudi bien sûr, mais jour de repos. Vendredi on verra comment faire pour amener Speedy, Barou et moi à Strasbourg. Merci Dieu! Et Merci Alain et Christine, vous m’avez vraiment tirée de la boue..!

Vendredi 30 octobre : Les dernières nouvelles de la marche arrivent avec un peu de retard: une fois sous le tipi à Strasbourg c’était du non-stop! – Vendredi matin c’est Alain ( voir photo) qui m’amène avec Speedy et Barou au lycée Coufignal: c’est tellement bizarre d’avoir « loupé » le trajet Eschau – centre-ville et d’arriver en voiture… mais tellement plus important que Barou soit mieux! – Youpie, je vois Viviane! On s’est beaucoup sms-é pendant la marche. Elle me rejoint avec un petit groupe de paroissiens de St Guillaume et Christophe Kocher, le pasteur, pour les trois derniers  kilomètres, ça fait chaud au coeur. Un groupe de jeunes s’approche, tout intrigué : »Ah un bourricot! Comme au bled! » – « Comment? 40 kilomètres?! Vous devez avoir faim! Voulez vous une cigarette? » – Un homme vient vers moi, m’offre un Caprice des dieux, sur son visage un immense sourire. Nous tombons sur l’équipe TV, cette fois Lukas, Michael et Urs, qui sont contents que Barou aille mieux. Lukas demande si je suis heureuse d’être arrivée au but – je me sens plutôt totalement déboussolée…

… Mais là je vois Christian, le tipi! La tente me rend toujours heureuse, tellement de chants, de prières, de repas, de rires, de pleurs partagés…Oui, aussi des pleurs… Je vois des gens qui prennent des photos, on fait deux interviews, puis la rencontre de 17.00 avec des visages connus et inconnus, comme j’aime. –

Samedi – dimanche 31 octobre et 1er novembre : Le weekend passe très vite, beaucoup de monde autour et dans le tipi, beaucoup d’échanges, des questions partagées… Speedy reçoit une quantité invraisemblable de caresses, on doit constamment veiller à ce qu’on ne le remplisse pas carrément de carottes et de pommes… Samedi matin remonter le tipi qu’on a démonté pour la nuit, question de sécurité, puis prière orthodoxe copte du matin, suivie par une conférence-brunch à la salle de paroisse. L’après midi Jacob et Marguerite arrivent, « papa et maman » de Speedy, puis Roland du groupe de soutien. Ludo et Aude n’ont pas pu venir, mais quel cadeau d’être quand même quatre, depuis Lausanne! –

Dimanche matin remonter le tipi, avec toute une équipe, on devient rodés! Un bout de la prière du matin sous l’oeil de la caméra de France 3, puis culte à l’église de St.Guillaume, rassemblant toutes les paroisses de Strasbourg-centre et pleine pour la fête de la Reformation. Je fais la prédication dans mes habits de marche, c’est plus cohérent quand on parle de quitter ce qui nous empêche d’aimer Dieu, pour entrer dans  l’immense aventure de saisir les promesses de vie nouvelle que Dieu met devant nous. – Dernière rencontre-tipi, et après la soupe c’est déjà le moment de démonter (pour la 3.fois!) le tipi et pour dire adieu.

Adieu à ces gens chaleureux de St Guillaume et leur pasteur qui ont suscité et permis cette aventure, et à ceux qui ont tourniqué autour du tipi pendant ces trois jours. – Merci à vous tous! (Et pour moi tout spécialement à Bruno, qui m’a prêté son appartement, pour que Barou puisse rester avec moi!). Merci à Jacob et Marguerite qui m’ont confié leur Super-Speedy! Qui m’ont conseillé et aidé à mieux le comprendre et l’aimer. Merci à tous ces gens qui m’ont sms-é, assurée de leurs prières, logée, nourrie, gâtée, soignée,  consolée, menée en voiture, dépannée, prêté leur douche, fait mille téléphones, confié un bout de leur histoire, prié pour moi et me laisser prier pour et avec eux –  bref, merci de m’avoir aimée! Merci à toi, Christian, pour le boulot immense que tu as fait, et à mon groupe de soutien de m’avoir… soutenue!, mais aussi déjà lancée dans cette histoire un peu folle. Merci à toi, Speedy, pour ta patience avec moi, et à toi, Barou, de m’accompagner partout où je vais, sans douter de moi, même si tu vas mal. –  Merci à Toi, mon Seigneur et mon Dieu, de m’avoir mise en route et de m’avoir appris à un peu mieux t’aimer. Et de nous avoir permis de rentrer tous sains et saufs en Suisse. – Les nouvelles d’Evangile en chemin vont continuer, sur le site et si possible sur facebook, car le chemin continue…