Etape de Fiez


Etape de Fiez (23au 25 octobre)

Bizarre, d’être à l’endroit où j’ai été pasteure durant 11 ans. Des choses ont changé, d’autres pas du tout. Des gens ont changé, d’autres pas du tout…

Ainsi Nanette Taillefert m’accueille en mi-chemin avec les quatre heures. Ainsi, Michel Cavin, le directeur du chœur où j’ai chanté, qui met son pré à disposition. Ainsi, Aude-Aline, qui a participé au CD que j’ai réalisé à Fiez avec Olivier Buttex, m’offre son hospitalité. C’était un CD pour et avec des enfants, maintenant, elle est mariée avec Cyril et elle me présente son fiston Benjamin… ! Ainsi, Janine Porchet me salue depuis sa fenêtre et vient, bien sûr, m’aider à ranger ; les gens ne changent pas !
Cependant, ils changent quand même ! Je prends un moment pour reconnaître Serge Kobi dans l’homme robuste sur les escaliers du bistro, la dernière fois que je l’ai vu il était catéchumène. Là aussi, ce sont les yeux qui trahissent ! Par contre, je reconnais assez vite Alexandrine, mais pas, bien sûr, ses deux enfants. Après avoir déposé le plus petit, qui a quelques semaines, dans le tipi, elle surveille dehors la plus grande. Cela lui permet d’expliquer aux gens de passage qui je suis. Pendant qu’avec deux personnes, dedans, on se découvre à travers des expériences communes.

En ballade dans le village, je rencontre les deux Mariannes, Schlaefli et Rolando, avec qui j’ai partagé tellement de choses importantes. Juste dommage que je n’arrive pas à faire atteinde Mme Gaille, que je viens voir avec Speedy ; elle est devenue tellement sourde qu’elle n’a pas du entendre la sonnette.
Josiane et Kurt Hodel de Novalles, j’étais déjà allée les voir avant, et on a mangé ensemble. Je me sens très liée à eux, et j’ai fait une exception à la règle de ne pas aller voir les gens à leur domicile, étant donné que je dois être sur place au tipi pour accueillir les visiteurs…

Vendredi soir tard, je mange la fondue bourguignonne chez les Cavin qui reviennent de Sicile ; je ne me sens pas trop coupable : une fois la nuit tombée, les visites au tipi se font très rares.

Samedi soir, on est plusieurs sous le tipi à discuter, autour du psaume 139. Marie-Claude d’Yverdon a préparé une solution pour les gens-qui-ne-veulent-pas-déranger : un panneau de bienvenue qui invite à entrer dans le tipi même fermé… – Ce sont de petites choses mais qui aident… Comme les affiches fabriquées par Bernard, la bouillotte amenée par une voisine, le scotch prêté par la tenancière du magasin, la permission du patron du restaurant de coller nos affiches sur son trépied…
Et comme le repas apporté par Elisabeth Schwarz, qui, au lieu de se laisser inviter pour un repas dans le tipi, amène et partage avec moi son repas à elle, car « de toute façon il y a assez pour deux ! »

Dimanche matin, j’arrive avec du retard au culte à Villars-Burquin, car il y avait du monde autour du tipi. Là encore, je fais une exception : normalement, je reste « chez moi », pour éviter que des gens ne viennent pour rien ; mais comme à Mathod et Yverdon j’ai choisi cette fois de participer au culte paroissial. Le pasteur, à son tour, a déplacé l’apéro de Villars-Burquin à Fiez
, autour du tipi. Ça fait tout bizarre de prendre la parole au culte, dans cette église si bien connue, pour expliquer aux gens ce que je fais maintenant !

Dimanche soir, nous démontons et rangeons dans une obscurité quasi totale ; pas facile, qu’est-ce que j’aurais fait sans Franco, qui a organisé cette étape ? ! Ensemble on amène Speedy chez les Thévenaz, dans un box bien à lui, en face de Pépito, un âne qui me semble immense comparé à Speedy …

Drôle d’étape, que celle de Fiez. Déception de ne pas avoir vu certains que j’attendais, joie d’avoir vu certains je n’attendais pas… Passé et présent entremêlés ; souvenirs de ce village et espoirs pour ce village… Et plein de questions bien sûr : quelle trace ai-je pu laisser à l’époque, comme pasteure, comme chrétienne tout court ? Est-ce que j’étais fidèle au poste, est-ce que j’ai pu dire la parole venant de Jésus-Christ pour les gens de ma paroisse ? Est-ce que j’ai pu refléter un peu de cet Amour immense de Dieu pour les gens d’ici, est-ce que j’ai été assez claire, assez aimante, assez ferme et assez – ……… ?
Les mêmes questions au fond que je me pose pour Evangile-en-chemin, tout le long de ce chemin… Comment être témoin fidèle de cet Evangile, comment renvoyer à quelqu’un d’Autre, comment montrer qu’il s’agit d’un homme qui a dit qu’il ferait toute chose nouvelle ? Comment rejoindre les gens qui en veulent, de cet Evangile, et ceux qui n’en veulent pas ?
Parfois j’aimerais que Jésus revienne, juste une heure ou quelque chose comme ça, juste le temps de lui poser quelques questions… et de recevoir quelques réponses !