Pentecôte : 10-12 juin, Le Sentier
Le sabot malade de Speedy lui empêchant toujours de marcher, Ludovic Rochat l’amène depuis chez Pierre Golay, qui l’a hébergé, dans son van au Sentier, où j’arrive en même temps que Josiane Michaud, l’experte-soignante de Speedy. Elle amène des médicaments et un « sabot de secours », et désormais il va marcher avec cette chaussure-là.
Jean-Claude, de mon groupe de soutien, et Luc Badoux nous ont bien installés sur un pré près des immeubles « Bon-Port », et dès le début je fais la connaissance de Christian, un voisin qui s’intéresse vivement à toute cette aventure qu’est Evangile-en-chemin, d’Isabelle, la concierge de l’immeuble et son mari, et de quelques habitants. Il y a beaucoup de passages ce week-end. C’est Pentecôte, et j’avais demandé à Dieu un « clin d’œil » exprès pour cette fête du Saint-Esprit, Dieu-en-nous (J’en ai un peu besoin, après ma tristesse concernant Bernard qui a dû nous quitter pour des raisons de santé, et que nous avons fêté le dimanche soir à l’Abbaye). Je l’ai dit à une copine. Elle me sms : « T’as demandé quoi alors ? » – Je sms de retour : « Sais pas. Juste quelque chose de bien et de surprenant ! » Dieu me l’a accordé, ce week-end, mais ça sera pour dimanche !
Beaucoup de passages donc, et Jean-Paul Guignard, qui m’a offert de faire une fondue-fromage dans le tipi « pour tous ceux que vous voulez inviter, je peux aller jusqu’à 16 ! », va effectivement en faire pour une quinzaine. Les gens de passage sont surpris et contents : « Comment ? Une fondue ici ? Et on ne vous connaît même pas ! » – C’est tout le plaisir du partage, si essentiel sous le tipi.
C’est toujours difficile de relater par le biais du site ce qui se passe sur place : je suis liée à la confidentialité et ne peux jamais relater des choses concrètes des rencontres, sauf si la personne me le permet explicitement … Alors je terminerai ces nouvelles de l’Abbaye à Paléo par quelques phrases-clé, et sous le chapitre de ce week-end de Pentecôte je me limite au résumé un peu vague que des moments forts ont eu lieu, parfois aussi lors d’une balade : toujours un moyen sympa de pouvoir parler sans être interrompus : il faut bien sortir le chien !
Lors de la rencontre du soir, il y a comme toujours, après la Cène, la bénédiction personnelle. Rien de très nouveau au fond, si ce n’est que la personne qui donne cette bénédiction cherche à écouter l’Esprit pour dire à l’autre ce qui pourrait l’aider à avancer.
Ce soir, Dieu réserve une surprise à Christian : d’un Dieu un peu vague, un peu lointain, un peu théorique, il reçoit tout d’un coup Dieu-droit-dans-le-cœur. L’Esprit quoi ! Et, comme il le dit, ça change tout. Voilà ce qui dépasse largement le clin d’œil demandé… !
1-3 juillet, le col du Marchairuz
Encore une fois, Ludovic Rochat des Bioux vient chercher Speedy chez André (« le Dude ») et Rita Meylan, où il a passé deux bonnes semaines pendant que moi j’étais en vacances d’été, et l’amène au col du Marchairuz, devant l’hôtel des Bachmann. Il fait grand beau ; ce week-end il y a énormément de passages, le « slow-up » dans la Vallée attire un monde fou, et beaucoup de gens viennent regarder ce que vient faire ce tipi bizarre, au milieu du parking. Ils restent pour caresser l’âne, discuter, boire un café, manger… beaucoup de téléphones aussi, ce qui n’est pas évident, car le réseau ici est quasi inexistant.
L’hôtel accueille ce week-end un séminaire pour l’initiation au chamanisme. Je n’avais pas l’intention de me mêler de ça, mais le soir les Bachmann, dont l’accueil, pendant tout ce week-end, est merveilleux !, m’invitent pour une tisane chaude pour dégeler (la température va tomber au-dessous de zéro pendant la nuit !), et je me trouve tout à coup à côté de l’organisatrice. Je veux essayer de comprendre le quoi, le pourquoi et le pour quoi de ce week-end, et nous voilà parties en discussion jusqu’à deux heures et quart le matin…
Etonnant. Le long de la discussion, ceux qui nous écoutent pourraient presque croire que notre but est le même, tellement les mêmes mots semblent parfois être utilisés (paix, harmonie, quête du bien, l’amour du prochain), ou une même recherche exprimée. Mais en allant plus loin, je découvre pour moi de plus en plus en quoi nous différons, et que, pour finir, c’est l’Esprit de Jésus qui fait (toute !) la différence. Et quand l’organisatrice m’invite à participer à un de ces séminaires (« il vaut mieux le vivre que juste en parler ») je m’entends dire très clairement, moi-même surprise, que cet Esprit Saint m’interdit de participer à de tels séminaires. C’est bon de pouvoir le dire, en ayant écouté vraiment, sans plaquer tout de suite une opinion toute prête ; de pouvoir le dire avec un vrai respect et une vraie honnêteté, ce qui est pour moi l’essence même de la tolérance.
Je retrouve des gens de la Vallée : Jacqueline, avec qui j’ai beaucoup discuté à l’Abbaye et au Sentier, et Christian, qui a loué une voiture pendant un mois pour pouvoir venir rejoindre Evangile-en-chemin : ça fait plaisir !
Dimanche soir il y a du monde pour la rencontre-tipi : entre autres Jacob, de l’Abbaye (heureusement que le tipi est accessible pour les chaises roulantes !) avec ses deux sœurs, Jacqueline, Rajita, que j’ai rencontrée pendant la première année d’Evangile-en-chemin, et retrouvée à l’Abbaye, Fritz, et Denise avec une amie. Je suis réjouie de voir tout ce monde rencontré en cours de route, mais je me fais aussi des soucis : je n’ai pas assez à manger pour tout le monde… vu que mon stock est déjà parti le samedi soir. C’est compter sans ces fameux clins d’œil de Dieu : Denise a participé à une fête, où il y avait trop à manger. Les organisateurs ont demandé qui serait intéressé aux « restes » : une immense casserole avec des spaghettis, sauces toutes prêtes déjà incluses. Elle se dit que, si jamais elle vient au tipi le soir, ça pourrait éventuellement rendre service… !
Avec Franco, de mon groupe de soutien, nous rangeons le tout, pendant que les Michaud (j’ai de la peine à m’imaginer qu’avant le week-end à Bochuz je ne les connaissais même pas !) viennent chercher Speedy pour le loger chez eux à Orbe, pour finir les soins… mais aussi parce que Josiane est tombée amoureuse de Speedy, comme Rita Meylan d’ailleurs !
8-10 juilllet – Longirod
Cela fait toujours beaucoup de bien d’être accueillis avec amour, et c’est le cas encore une fois ici ! Vanessa, la pasteure, que j’avais déjà rencontrée à l’Abbaye avec son groupe de jeunes, Jean-Claude Landry et le Conseil de paroisse sont là pour accueillir, vivre ensemble des rencontres-tipi, manger du Tzatziki, parler, entre autres, de la bénédiction, et la recevoir.
Quand j’arrive Roland, du groupe de soutien, et des gens sur place ont déjà suspendu la grande banderole que Bernard avait fabriquée (des heures et des heures de travail !) sur le hangar de M. Bovy ; elle va attirer des personnes qui la voient depuis la route.
Pendant ce week-end je rencontre entre autres un couple avec deux enfants, avec qui je vais me lier. J’ai le temps de discuter longuement et profondément avec le papa, et leur enfant handicapé viendra au tipi à Genolier, ce qui est une très grande joie pour moi. Et quelle surprise de voir Danielle d’Ecublens pour la rencontre du matin !
Avec Christian on a le temps de parler de ce qui lui a été donné, et d’approfondir les implications.
Le soir, je prends ma douche à Marchissy, chez Geneviève Galé. Le » petit moment d’un thé » se prolonge dans une discussion intense.
Ainsi il y a des nouveaux — et d’anciens visiteurs du tipi. Et j’ai maintenant tellement de dessins d’enfants, qu’on doit faire une deuxième « couronne » de fil dans le tipi pour pouvoir les suspendre !
p15-17 juillet – Genolier
Pas évident de trouver un lieu de rechange, lorsque l’endroit désigné ne peut tout à coup ne plus être utilisé. Solution de secours, grâce aux efforts de Mme Herzberger : dans le jardin de la Cure de Jane Hapiseeva. Joli mais pas facile d’accès, donc il faut mettre beaucoup de panneaux. Jean-Claude du groupe de soutien va s’en charger, mais d’abord nous allons manger : lui ; Christian, qui vient maintenant toujours pour donner un coup de main ; Patrick, qui vient souvent transporter la roulotte, depuis que la Lada est tombée en panne ; et moi.
Speedy attend à Longirod, chez M.Bovy ; c’est la première fois qu’il va marcher depuis que son sabot s’est abîmé, et je suis un peu inquiète. Mais tout va bien, et c’est bon de pouvoir à nouveau être en chemin, littéralement aussi, et de rencontrer des gens en cours de route !
Il fait moche, ce week-end ! Beaucoup de pluie, le tipi est mouillé, je panosse les gouilles le matin en espérant que le tout va sécher pendant la journée. La pluie retient un peu les gens, comme toujours, mais c’est d’autant plus chouette de retrouver le couple de Longirod avec leur enfant, et aussi Christine, dont j’ai fait la connaissance lors de la première année d’Evangile-en-chemin, et qui est aussi venue à une de mes retraites à Vers-l’Eglise.
Le dimanche soir, après une longue discussion qui va loin (« Qu’est-ce que c’est, être prêt à mourir – et est-ce qu’on l’est ? ») avec les gens venus pour la rencontre-tipi, et d’autres venus plus tard, Christian et Jean-Claude rangent dans une presque-obscurité, tandis que j’essaye de donner des conseils par téléphone à une maman en Hollande qui est tombée et ne peut plus se relever… Cela devient donc assez tard. Speedy dort déjà chez M. Jaggi à Coinsins.
22-24 juillet – Paléo
Difficile de retracer les discussions entre un coordinateur parti, des responsables Paléo et du syndicat chevalin, mais avec pas mal de persévérance et de bienveillance de tous les côtés on peut quand même installer le tipi, la roulotte, l’âne, le chien et la pasteure sur un pré ne faisant pas partie de Paléo mais se trouvant juste à côté. Super ! En arrivant avec Speedy depuis Genolier j’ai amplement l’occasion de (re !) faire des connaissances : je dois traverser carrément tout Paléo pour arriver au pré, et c’est tant mieux. Les gens m’interpellent, ravis de l’âne, surpris par une Eglise en route, des jeunes courent pour me rattraper et me donner le sabot de secours que Speedy avait perdu, on m’offre à boire.
Sur place, Patrick a déjà amené la roulotte, Jean-Claude et Christian ont monté le tipi, et entre les interpellations des gens qui passent et veulent savoir ce qu’on fait là, on installe l’intérieur : dessins, bouquins, caisses nourriture, coin enfants, table avec bougies, piano… ça n’a l’air de rien, mais c’est tout un boulot, chaque semaine. Le soir Christian (qui a promis de rester ce week-end sous le tipi, pour veiller sur pasteure et matériel !) et moi restons debout jusqu’à 3.00 le matin, sachant que de toute façon on ne va pas beaucoup dormir. Quelques discussions chouettes avec des festivaliers qui ont du temps.
Le matin à 6.00, rude réveil par Christian : « Hetty, Speedy n’est plus là ! »
Quelle horreur ! Qui a volé notre âne, assez gentil pour partir avec n’importe qui ? Quelqu’un qui a trop bu et trouve ça drôle ? Quelqu’un qui l’a carrément amené loin avec lui et laissé sur une route ? Quelqu’un qui lui voulait du mal ? Je téléphone au numéro d’accueil de Paléo – fantastique, il n’y a qu’un court moment de perplexité quand j’annonce qu’on m’a volé mon âne !, tout de suite on devient efficace de l’autre côté, se renseigne, communique aux autres, me conseille. Après un café urgent je vais faire un tour – qui sait ?
En rodant dans le coin je tombe sur Madame Berli, la fermière qui m’a accueillie pour la douche – je veux lui dire que Speedy est loin mais elle me dit déjà qu’il est entre de bonnes mains : elle l’a découvert ce matin dans un pré et l’a mis dans l’écurie. Je ne sais pas comment il est arrivé là mais qu’est-ce que je suis heureuse !
La journée est un peu rude, étant donné les maigres trois heures de sommeil, mais je me réjouis des bonnes rencontres. Le soir c’est la journaliste de la Côte qui revient (elle avait fait l’interview vendredi soir) pour une rencontre-Tipi, et son intérêt réchauffe le cœur.
Il me reste en mémoire – non pas les centaines de personnes qui passent et restent une minute, mais un moment très fort vécu avec un des bénévoles, inattendu, émouvant et encourageant.
Le soir, en rentrant Speedy dans l’écurie, je tombe sur un chef de bénévoles qui me raconte que c’est lui qui a amené Speedy dans le pré, après un coup de fil de ses bénévoles qu’un âne se trouvait sur la route et les suivait… ! Qu’est-ce qu’on ferait sans des gens qui aident, dépannent, se mettent au service des autres, et qui ont en plus du plaisir à le faire ?!
Pour finir voici encore quelques phrases-clé, comme je l’avais promis sous l’étape du Sentier :
« Tout le monde parle de paix… Je ne veux pas tellement la paix, je veux la vie ! »
« Je suis toute bousculée… J’ai toujours pensé que Dieu ne me concernait pas, qu’il était loin… Alors tout à coup ça semble pouvoir être différent. »
« Je n’osais pas croire au pardon de Dieu, mais au fond c’était de l’orgueil caché… »
« Je voudrais bien croire, moi, mais il faut m’aider. »
« Je viens de lire qu’en Christ on est une nouvelle créature (2 Corinthiens 5, 17) – j’ai commencé une vie nouvelle mais je découvre aussi qu’être nouveau, ça peut faire mal… – quand on sort du bocal, on s’expose… »
Hetty Overeem, pasteure nomade Evangile-en-chemin