Table des matières


  1. La réalité de Dieu
  2. La repentance – une vie
  3. J’ai perdu l’original
  4. Nouvelles du Flon et réflexions sur l’évangélisation
  5. Le cœur nouveau
  6. La vie de chenille

La Réalité de Dieu, son « Royaume », et notre réalité-illusion

Avant de partir pour mes 40 jours de marche avec l’âne et le chien vers Strasbourg, j’ai envie de vous parler un peu des préparatifs. Non pas ceux qui sont plutôt pratiques : acheter un sac de couchage, un matelas, une veste vraiment imperméable… Mais ceux de mon cœur.

Il est un peu inquiet, mon cœur. Comment tout ça va se passer ? Est-ce que moi et d’autres, on va vraiment mieux découvrir Dieu ? Est-ce que Dieu va vraiment prendre soin de moi sur ce chemin si inconnu et pas confortable, ni physiquement ni psychiquement ni spirituellement ? Est-ce que son Amour est vraiment si vrai, si réel et concret que j’ai osé croire ces derniers temps ? Que je me suis engagée à croire ces derniers temps ? Oui, il s’agissait vraiment d’un engagement, d’un choix…

Un choix : Pour Dieu, tel qu’il s’est révélé en Jésus-Christ, celui dont j’ai fait connaissance à travers la Bible. Contre une résistance étrange, un peu floue mais très intense, qui semble juste dire le refrain : « Mais non mais non mais non… », intercalé par plein de « strophes » d’argumentation, l’une apparemment plus convaincante que l’autre…  –  Alors il faut choisir, car je ne peux pas garder les deux.

Vous connaissez ce sentiment de vous réveiller d’un rêve ? C’est un peu bizarre. Ça semblait tellement réel, mais ce n’était pas la réalité ; ça semblait tellement authentique et vrai, mais ce n’était qu’un rêve…

Il m’arrive la même chose, mais dans ma réalité : je la découvre de plus en plus comme n’étant pas la vraie réalité, mais seulement une sorte de copie, un vague reflet, de quelque chose d’autre.

Cela ne veut pas dire que je quitte ou je fuis la réalité ; je dirais, au contraire : je commence à la voir avec d’autres yeux, avec les yeux de Dieu.

Je commence à voir que notre réalité « telle quelle », vue en et par elle-même, n’est pas ce qu’elle réclame être : réalité justement, mais qu’elle n’est en fait qu’une réduction, un reflet assez fade, de la Réalité telle que Dieu la vit et la voit, donc la Réalité telle qu’elle EST, en réalité !

C’est un peu comme si j’ai vécu (et que je vis toujours encore, même si c’est un petit peu moins !), comme un poisson dans un aquarium : plus au moins à l’aise, plus ou moins content, dans cet espace réduit, pour la simple raison que c’est tout ce qu’il connaît, étant né là-dedans. Il n’y est pas seul, il a plein de compagnons d’aquarium qui nagent en rond comme lui. Il y a aussi de jolies décorations, et assez de nourriture, bon, pas pour tous, mais les plus forts gagnent, et tant pis pour les plus petits. En nageant en rond le poisson se heurte de temps en temps à la paroi de l’aquarium ; alors il retourne en arrière, mais ça laisse en lui un drôle de sentiment : comme quelque chose qu’il a perdu, comme une soif de quelque chose en dehors de ces limites familières. Mais puisqu’il ne sait pas de quoi il pourrait s’agir, il hausse ses épaules de poisson et retourne vers sa réalité, la seule qu’il connaisse.

Figurez-vous qu’un jour quelqu’un arrive qui invite le poisson à sortir de son espace fermé : « Tu veux sortir de là où tu es ? Tu veux goûter à quelque chose d’autre, de nouveau ? »

Le poisson entend mais ne comprend pas. « Sortir ? Mais je vais mourir si je sors. Je dois vivre ici, c’est ma place. »

« Et si je te dis que ce n’est pas ta place ? Pas ta vraie place ? Que tu es créé pour autre chose, une autre vie ? »

« Mais elle est comment alors, cette autre vie ? Faut bien rester réaliste : il n’y a que cette vie, et si je te laisse me sortir d’ici, je vais mourir à ma vie de poisson. C’est logique. »

« C’est la logique de poisson-en-aquarium ! Je vais te dire la vérité : Oui, tu vas mourir à ta vie de poisson-en-aquarium  –  mais tu vas naître à une nouvelle vie de poisson libre, nageant librement et joyeusement dans l’eau immense de ma mer à moi. Qu’est-ce que tu en dis ? »

« Non merci », dit le poisson poliment. « Je suis assez tranquille et pas mal ici, chez moi, et je ne sais pas ce que ça va donner, chez toi. Au fond, je ne sais même pas si tu es réel, je ne t’ai jamais vu encore dans mon monde. »

« C’est que je suis en dehors de ton monde. »

« Donc tu n’existes pas ! Tu n’es pas vraiment réel, tu n’es qu’une illusion, comme je sais que l’eau les produit : l’eau qui me reflète des images mais qui ne sont que des mélanges de couleurs et des reflets des plantes autour desquelles je nage tous les jours. »

« Je te dis que je suis bien réel, même si je ne suis pas dans ton espace de vie et que je ne suis pas comme tout ce que tu connais. J’ai envie de te faire nager dans l’eau fraîche et vivante comme tu ne l’as jamais connue  –  mais si tu ne veux pas, je ne peux pas te forcer. »

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Je sais que les images boitent. Alors, j’ajoute encore une autre ! Elle boite aussi mais ce dont je parle est difficilement descriptible autrement que par les images ; non pas parce que ça ne serait pas réel  – mais justement parce que c’est davantage réel, plus réel que ce que nous connaissons et fréquentons dans notre espace de vie à nous, notre aquarium humain.

C’est un peu comme si je vis dans un monde de deux dimensions seulement. Et ce qui s’y passe peut être beau et bien, avec le seul hic que mon monde, ma réalité, est limité à deux dimensions justement.

Que se passe-t-il si un jour quelqu’un va ma parler d’une autre dimension, qui dépasse tout ce que je connais, qui n’est pas juste un prolongement ou un élargissement de mon monde bidimensionnel, pas plus de la même chose  –  mais d’un tout autre ordre ? D’un tout autre niveau ?

Je vais probablement lui dire que ce n’est pas possible, qu’il prend son désir pour la réalité, et qu’il vaut mieux être réaliste et ne pas décoller et rester les pieds bien sur terre  –  c’est-à-dire, dans ma dimension limitée. Surtout si je n’y suis pas trop mal, si j’y ai acquis un certain bien-être ou statut ou réputation, ou tous les trois à la fois.

C’est peut-être pour ça que Jésus, en parlant du Royaume de Dieu, avait l’accès plus facile chez ceux qui étaient en marge de la société de l’époque ; que sa parole touchait plus facilement ceux qui n’avaient pas grand-chose ou ne comptaient pas pour grand-chose selon les critères de « ON » à l’époque : car eux ne se contentaient pas si facilement de leur monde bidimensionnel, eux avaient vu ses limites, eux avaient soif d’autre chose, même s’ils ne savaient pas ce que cette autre chose impliquerait.

Alors, comme j’ai dit au début, je suis en train de me réveiller, lentement mais j’espère surement, de mon rêve à moi. Je suis en train de découvrir une dimension qui dépasse toute ma spiritualité de mon monde bidimensionnel ; celui que, pour faciliter les choses, je vais maintenant appeler le monde2. Je suis en train de découvrir l’énorme contraste entre ce monde et celui d’une troisième dimension, le monde3 pour ainsi dire, que Jésus appelait le Royaume de Dieu.

Comment ça, l’énorme contraste ?!  –  Oui, j’avais toujours pensé qu’il y avait continuité entre les deux, un peu comme si mon amour2, « made in 2 »pour ainsi dire, était déjà pas mal, et que l’Amour3, si une telle chose existait, n’était qu’un bonus en plus, sympa mais pas absolument nécessaire. J’aime bien garder une distance prudente et critique : n’exagérons pas, ne voulons pas trop, restons « réalistes ». J’avais pourtant lu la parole de Jésus : « Sans moi vous ne pouvez rien faire. » (Jean 15, 5). J’avais lu : « Mon Royaume n’est pas de ce monde. »(Jean 18, 36). J’avais lu de la lutte (Romains 8) entre l’Esprit et « la chair », un autre nom pour 2 (ou mieux, pour 2 sans 3, j’y reviens !), et que « c’est l’Esprit qui fait vivre, la chair, elle, ne sert à rien » (Jean 6, 63), j’avais lu qu’il s’agit de chercher « les choses de Dieu et non pas celles des hommes »(Marc 8, 33), qu’il fallait « perdre sa vie pour la gagner (Marc 8, 35) et qu’un vin nouveau ne va pas avec des vieux récipients, car les deux seront perdus (Matthieu 9, 17  –  mais je n’avais pas vu ce que ça voulait dire. Pas vu que ça allait très loin parce que c’était très simple et très radical. J’avais dilué ces paroles, par habitude, ou par paresse, ou par… peur. Oui, peur. Peur d’être confrontée tout à coup à une réalité qui mettrait la mienne, petite, confortable, en question. Ou en tout cas, qui mettait l’absolu de ma réalité en question : le (soi-disant) « droit » de mettre mes propres critères et de vivre selon ces critères, de penser et d’agir selon eux, de croire selon eux.

J’avais entendu que 2 devait mourir, mais je ne voulais pas mourir, parce que je n’avais pas compris que ça serait seulement mon « moi2 » qui était appelée à mourir. Pour que mon « moi3 » vive, en Christ. J’avais peur de perdre mon identité, d’être bouffée et dominée et régie par quelqu’un d’autre, et que ça ne pourrait être qu’une tyrannie. Je ne voyais pas que j’étais déjà en train de vivre dans une tyrannie, et que Dieu voulait m’en sortir : la tyrannie de 2, que j’aime appeler aussi « Autarchis » : c’est le nom que je donne à notre aquarium humain.

J’avais peur que, si Dieu me sortait de « l’ancien », du « vieil homme » (que des images bibliques pour dire une même, fausse, « réalité » !), j’allais juste perdre tout ce que je connaissais, sans savoir ce qui viendrait à la place. J’avais peut-être encore envie d’échanger mon chenit privé contre quelques jolies perles de Dieu… mais je n’avais pas envie de perdre mes petites perles à moi, ma bonté, mon intelligence, mes idées, mes efforts… en échange pour LA grande, splendide perle de Matthieu 13, 45-46, la Perle de toutes les perles, le Royaume de Dieu, Sa Réalité.

En plus, je tombais dans le bluff de l’adversaire de Dieu, ses mensonges. Il en a toute une immense réserve, mais pour moi, spécialement, il en avait sorti trois pour l’occasion : l’Accusation, le « Il Faut », et le « Tout Faux ». Et je suis tombée dans ces pièges. Ses pièges.

On voit mieux après coup, avec un peu de distance, mais qu’est-ce que ça m’a empoisonné la vie…

J’avais découvert une bribe de cette vie nouvelle que Dieu offre à partir de et à travers Jésus, j’avais vu que ça me concerne et que je pouvais le vivre, ici et maintenant et concrètement, et devenir un peu plus libre  –  hop, un de ces trois mécanismes entraient tout de suite en fonction :

« De toute façon ça ne va jamais marcher. » –  « Qu’est-ce qu’ils vont dire, les autres ? »  -« Tu vois tout ce chenit encore en toi ? Nouvelle vie, tu parles ! »  –  « Bon ben, si tu crois vraiment que c’est réel, alors tu DOIS… tu dois penser ceci, agir comme ça, te comporter comme ci, croire cela. Tu n’arrives pas ? Tu vois, c’est tout faux, t’es tout faux. Donc, cette vie nouvelle n’existe pas, tu vois bien. »  –  « Mais alors, tu DOIS sentir la paix et la joie, comment, tu ne sens pas encore ? C’est de la tromperie alors, tu vois bien, laisse tomber… »

Etc. etc…

J’avais entendu des frères et sœurs chrétiens dire que la Vie de Dieu était tellement forte qu’elle allait repousser pour ainsi dire l’ancienne : comme ça je ne serais pas « toute nue », il m’habillerait de ses « nouveaux habits » et j’allais paisiblement pouvoir me passer des anciens. Sans passer par un vide.

Mon cœur disait autre chose : que le vide était nécessaire, qu’il faisait partie du processus. Mais je ne savais pas comment.

On me disait que Dieu ne force personne. Mais je voulais qu’il me force un peu, moi, car sinon je n’arriverais jamais. Profondément dans mon cœur je savais que cette vie nouvelle ne pouvait pas venir de moi, que je ne pouvais pas la produire. Mais j’étais tellement programmée par mon éducation de compter sur moi, et sur moi seule, que l’autre désir n’arrivait pas à faire le poids.

J’étais et je suis tellement programmée par la société, par « ON », par 2, de me regarder, moi et de produire, moi… de ne pas trop m’arrêter sur la dynamique dans laquelle j’entrais mais de juste viser des résultats et alors de « bons » résultats, chiffrables et quantifiables et si possible calculables… J’étais et je suis tellement programmée pour être efficace et d’obéir à la loi tyrannique « Aide-toi, le ciel t’aidera » que je n’arrivais pas à sortir de cette prison.

J’étais et je suis constamment encouragée de rester dans une dynamique autre que celui du Royaume de Dieu. Emprisonnée par une argumentation qui reste une argumentation2, de l’aquarium, d’Autarchis, ou, comme j’aime maintenant le dire, de l’ILLUSION : Tu peux tout dire, tout faire, tout penser, mais sous une condition :

« Tu restes dans l’aquarium ! »

Mais Dieu est bon. Il a mis dans mon cœur quelque chose qui est plus fort que les parois de l’aquarium, de ma peur du regard des autres, des chaînes2 de ma prison2 :

La soif.

La soif, non pas des belles ou mauvaises images qui circulent sur lui, aussi bien dans le monde que dans l’Eglise que dans mon cœur – mais de Lui. Lui-même. La soif de « Je suis qui Je suis. » La soif du Tout-Puissant, mais pas dans sa caricature moche d’une sorte de tyran qui fait ce qu’il veut – mais dans l’Original de la vraie Toute-Puissance d’un Dieu souverain, qui tient toute chose dans ses mains, même moi. Même mon chenit. Et mes petites perles. Un Dieu qui m’échappe mais qui n’est pas, qui n’est jamais arbitraire. Un Dieu réel en qui je peux réellement mettre ma confiance.

Non pas la caricature d’un dieu gentil éternellement souriant. Mais l’Original du Dieu BON.

Non pas une autre caricature, celle d’un dieu sévère, calculateur, prêt à foncer sur mes faiblesses ou mes paresses. Mais l’Original du Dieu JUSTE.

La soif du Dieu qui tient ses promesses. Et la soif d’une Hetty qui… ose les croire, qui ose les préférer aux mensonges, qu’ils soient de la pensée, du comportement ou des émotions.

Oui, cette dernière remarque est très importante : nous, les poissons humains, nageons aussi dans les émotions de notre aquarium, et nous risquons de les prendre pour ce qu’il y a de plus vrai, de plus authentique, de plus pur. Mais ce n’est pas vrai. Ce sont surtout mes émotions qui m’ont trompée, justement parce que je voulais tellement les prendre au sérieux, justement parce qu’elles disaient un petit truc de vrai, sans dire la Vérité.

Elles disaient par exemple : « Tu as peur. La peur, il faut éviter. Laisse tomber cette vie nouvelle, reste où tu es, ON dit que Dieu t’aime et t’accepte comme tu es DONC tu n’as pas besoin d’être transformée. »

C’est malin, ça : Oui, Dieu m’accepte et m’aime comme je suis, et c’est pourquoi il veut me prendre comme je suis pour me transformer, pour que je ressemble toujours davantage au Christ, et alors pour que je sois, en lui, toujours plus libre!   –  Malin…

L’illusion est toujours maligne. Elle vient de l’adversaire, utilise la dynamique de l’adversaire et produit le fruit pourri de l’adversaire.

C’était un exemple comment je pouvais être piégée par mes émotions. Ma pensée n’y échappait pas non plus. Elle disait : « S’il y a quelque chose de vrai dans une argumentation, il faut la prendre. » Et puisque j’essaye d’être assez honnête avec moi-même et qu’il y a toujours des choses à reprocher, j’acceptais, je gobais carrément l’accusation de l’adversaire, un « NON ! » qui n’était pas celui de Dieu.

Erreur. L’adversaire travaille toujours avec un petit morceau de vrai, sinon on ne tomberait pas dans ses pièges. On voit bien comment il s’y prend avec Jésus en Matthieu 4…

Alors, comme je disais, Dieu-qui-est-bon (ce qui est totalement autre chose que le fameux « bondieu » inoffensif et gentillet et impuissant) a mis la soif de Lui dans mon cœur. Et il a encore fait autre chose : il m’a dit qu’il fallait jeûner et prier. C’est d’ailleurs comme ça que « Evangile-en-chemin » est né : par la parole de Dieu qui me disait : « Jeûne et prie ! »

Je ne savais pas ce qu’il voulait dire. Mais je l’ai fait. J’ai jeûné une semaine en ne lisant que Matthieu 4, et j’ai compris que Dieu me demandait de jeûner des fausses images, des illusions, de l’Illusion : sur lui, sur les autres/le monde, et sur moi-même.

Cela aussi, je l’ai fait. Et je continue. Maintenant j’ai compris que la Réalité de Dieu, le Royaume, ne vient pas automatiquement. Ni parce qu’on dit, un peu par habitude, « que ton règne vienne. » Ce Royaume vient quand on l’attend et le demande de tout notre cœur, quand on crève de soif. Il vient quand il y a de la place, quand on lui fait de la place. Il vient quand on « jeûne » de tout ce qui remplace ce Royaume, quand on jeûne de « Autarchis », où il n’y a pas vraiment de la place pour Dieu (pour toutes sortes de spiritualité, oui, Autarchis n’a aucune peine avec la spiritualité ; mais elle ne supporte pas le vrai Dieu, tel qu’il est décrit et confessé dans la Bible).

J’ai donc dû jeûner dans ce sens-là, et ce n’est pas fini. J’en suis au tout début. Mais ce n’est pas une tâche lourde et contraignante : c’est comme si Dieu m’enlève un lourd, faux fardeau qui m’empoisonne la vie et me rend fatiguée et chargée et, pas biblique cette mention-ci : de mauvaise humeur ! Pour qu’ensuite, je puisse prendre un nouveau, celui que Dieu a prévu pour moi, et pour que je puisse découvrir, ensuite: il est vraiment léger !

Ensuite, pas avant. Il faut que je fasse le pas : d’oser croire la parole de Dieu, made in heaven, davantage que celle2, du monde, made in autarchis, l’illusion. Je m’engage. Je vois là où j’ai dérapé, Dieu me le montre. Je demande pardon, non pas parce qu’ « il faut », ça serait une spiritualité2 !, mais parce que j’ai VU avec mes yeux3, par le Saint Esprit, que ça m’empoisonne : cette fausse image dont découlent mes fausses pensées, émotions et alors actions. Et je renonce à tout ce faux paquet empoisonné. Tout cela s’appelle la repentance.

Concrètement :

Il fallait et il faut que je jeûne, que je renonce à la tyrannie de l’Accusation, même si elle dit quelque chose de soi-disant vrai : ce n’est pas parce qu’il y a un bout de vrai que c’est la Vérité ! (L’adversaire disait des choses vraies quand il piégeait Jésus…) Pour, ensuite, chercher et trouver l’Original : non pas le dieu-qui-relativise et qui nous suit sur n’importe quel chemin, non. Mais le Dieu qui, lui, a déjà dit l’Accusation qui implique toutes les accusations, et qui les a prises ensuite, en Jésus-Christ, sur lui-même. Ce qui rend toute accusation spirituelle2  juste…superflue : c’est devant l’Original que l’on reconnaît la caricature !

Il fallait et il faut que je jeûne, que je renonce au « il faut », même s’il semble si juste, si légitime… Car il ne fait que de remplacer ce que le Saint-Esprit veut mettre dans mon cœur et dans ma vie, et qui va infiniment plus loin que le « il faut » le plus contraignant… (L’adversaire le sait bien, c’est pourquoi il n’a rien contre nos « valeurs », nos « bonnes intentions » et notre « spiritualité », tant que celles-ci restent bien enfermées dans l’aquarium de 2 !) Je m’engage à laisser le Christ mettre sur moi le nouveau « fardeau léger » de l’Original : d’entrer avec joie dans la dynamique du Saint Esprit (que les « il faut » remplacent et rendent méconnaissable) qui va me dire ce qu’il veut pour moi, et par moi, aujourd’hui et maintenant  –  si je m’exerce à l’écouter vraiment.

Il fallait et il faut que je renonce au « Tu fais tout faux » qui devient très vite « Tu es tout faux ». J’ai reçu par Dieu, et pris avec enthousiasme, l’image d’un jeu de ballon, un jeu nouveau, que je ne connais pas : il ne s’agit pas de faire juste, ou de le jouer parfaitement, ou de surtout ne pas la laisser tomber, ce ballon. Il s’agit d’un jeu qui s’appelle la liberté ! Il s’agit juste de… l’apprendre ! D’apprendre à jouer avec le Dieu-Père qui m’aime, avec Jésus-Christ frère et ami et compagnon de route, avec le Saint-Esprit dont la Vérité ne m’enferme pas mais me console et me rend plus forte.

Encore une dernière remarque, assez scandaleuse : oui, 2 sans 3 ne vaut rien. L’aquarium peut être super beau, rempli de bonnes actions, bonnes pensées, bonnes attitudes, bonnes émotions et bonnes valeurs. Jésus l’a dit : ce n’est PAS ce que Dieu a en vue pour nous, ce n’est PAS le désir du cœur de Dieu. Le désir du cœur de Dieu, c’est que tu VIVES, mais maintenant autrement, selon d’autres critères, dans une autre dynamique : Si quelqu’un est uni au Christ, voilà, nouvelle créature/création ! (2 Corinthiens 5, 17). Ce qui est ancien  –  Autarchis, notre réalité laissée à elle-même, notre illusion, peut et doit mourir, ce qui est nouveau est venu !

Cela dit, le but de Dieu n’est pas du tout, absolument pas !, que 2 disparaisse, pour faire place à une sorte de ciel sans terre. Au contraire ! Dieu a créé 2 pour que 2 entre en 3, pour être sauvé, en être englobé, pour y recevoir, non seulement les critères du Royaume de Dieu, ses règles de jeu ; mais pour être restauré, pour retrouver son ancienne splendeur perdue dans la rébellion humaine contre Dieu. Pour retrouver sa gloire ! La création le « sait » et gémit, tellement elle a soif d’être ainsi restaurée (Romains 8, 22).

Ainsi, quand je meurs à moi, c’est au moi2 que je meurs, au soi-disant moi illusoire, pour naître au Moi-Nouveau. Nicolas de Flüe l’a dit avec ses mots à lui :

« Enlève-moi tout ce qui m’éloigne de toi ! »

Ainsi, quand j’entre dans le Royaume de Dieu et dans sa justice/dynamique, je trouve une paix qui n’est pas comme le monde la donne, pas une paix2 (Jean 14, 27) mais la Paix de Jésus qui est d’une dimension nouvelle : la présence promise et alors « objective » dans ce sens, d’un Maître, un Seigneur, qui ne me lâchera pas une seconde.

En entrant dans le Royaume de Dieu, en le préférant à ma petite réalité qui veut être autonome, je trouve une joie qui n’est pas le bien-être matériel ni émotionnel ni spirituel, mais celle du psaume 4, celle basée sur la Vérité de Dieu : « Tu m’as donné de la joie au cœur, au-delà de celle des autres, leur blé et leur vin ».

Je trouve la Vérité. Pas celle2, qu’on se met dans sa poche et/ou qu’on impose aux autres. Ni une autre pseudo-vérité qui se veut si tolérante et ouverte en disant qu’il n’y a pas de vérité, mais qui réclame avoir raison tout autant et tout aussi fort que ceux qui suivent la première caricature ! Mais celle de Dieu, qui me la pose, une petite pièce de puzzle à la fois, dans mon cœur et dans mon intelligence.

Et ce qui est beau, c’est que le Royaume produit toujours plus de Royaume ! Si on entre dans la dynamique de Dieu, on y prend goût ! C’est assez super, ce jeu de ballon ! Si on commence à voir avec les yeux de Dieu, la récompense est … de voir un peu plus avec les yeux de Dieu ! La vérité rend effectivement libre (Jean 8, 32). Le monde2 ne peut qu’éternellement produire davantage de 2, et donc plus de la même chose. Si ennuyeux, à la longue… Le Royaume est éternellement nouveau, surprenant, créatif, aussi bien dans l’action que dans le repos qu’il offre.

« Donne-moi tout ce qui me rapproche de toi ! »

Oui, c’est radical, ce mouvement de se détourner de 2-sans-3 : non pas pour trouver 3 sans 2, mais pour trouver 2 en 3 ! C’est effectivement une mort… à tout ce qui est ancien. Cherchez 2-sans-3, Autarchis, la vie soi-disant autonome, indépendante de Dieu  –  et tout vous glissera entre les doigts. Cherchez 3, le Royaume de Dieu et ses critères, et 2 vous sera donné en plus !

Débarrassez-vous de « l’homme ancien », la vie ancienne, ce vieil habit devenu troué et pourri (Ephésiens 4, 20-24). Pour pouvoir mettre « l’homme nouveau », la Vie Nouvelle, cet habit splendide que Dieu réserve à ceux qui sont d’accord de « jeûner », de renoncer à l’ancien. Car c’est à ce prix que le Nouveau veut venir.

« Enlève-moi à moi-même, et donne-moi tout à toi ! »

Hetty Overeem, pasteure Evangile-en-chemin