Evangile En Chemin

Nouvelles nov-déc 2010


Nouvelles en vrac des premiers mois à Echallens:

En passant par Echallens, nous n’avions aucune idée que ça serait ici qu’Evangile-en-chemin prendrait ses quartiers d’hiver… ! Belle surprise ! Sous le tipi on a prié ensemble pour un lieu d’hiver, le week-end après on a la réponse du directeur du LEB : c’est une bonne idée, venez la semaine prochaine pour un rendez-vous, on va vous aider!

Et aider, ils l’ont fait, le directeur et le personnel du petit train :

– Ils ont mis à disposition deux wagons, le premier faisant cuisine, restaurant et chapelle, le deuxième servant de wagon-lit… (et de congélateur en même temps, mais heureusement il y a des petites génératrices de secours pour mettre en route un chauffage qui rend le tout vivable – si on arrive à la faire démarrer !)

– Ils ont mis à disposition l’électricité par le biais d’une grande génératrice et du mazout qui va avec

– Ils ont mis à disposition tout le savoir-faire, mais aussi toute la gentillesse, des responsables des wagons et de la gare

– Ils ont déblayé les lieux

– Chaque vendredi soir, ils ont rempli les réservoirs de mazout et d’eau !

Pour ne citer que quelques exemples…

Tout cela fait chaud au cœur !

Un train comme quartier d’hiver, ça change.

En l’absence de la pasteure, occupée en Hollande à déménager sa maman de presque 90 ans, le train se prépare par Bernard et Priscille, aidés par Jean-Claude. Des bancs sont enlevés, un tapis est mis, une sorte de cuisine est installée, tout est fait pour rendre le wagon accueillant. Super !

Les premières visites arrivent.

Au début, on ne connaît pas encore les avantages et les désavantages d’un train comme lieu d’accueil : il fait trop froid, les gens partent parce qu’ils gèlent, la pub n’est pas encore au point… Mais les gens sont ravis de découvrir ce lieu étonnant sur leur passage, curieux, parfois aussi sceptiques.

Lors d’une fondue le samedi soir une bande de jeunes débarque :

– Vous faites quoi là ? C’est quoi ce truc ?

– Vous voulez voir ? Entrez !

– (Quelques hésitations ) – On s’embarque dans quoi là ? ! Mais d’autres poussent : – Allez, on est huit, on risque rien !

Et voilà, une fois dedans, ils se calment, ils veulent savoir, comprendre, posent beaucoup de questions, prennent une carte, disent qu’ils veulent s’inscrire pour une fondue.

Ce qu’ils n’ont pas encore fait, d’ailleurs, mais j’ai revu l’un d’eux en sortant le chien, je ne l’avais pas reconnu mais avec son copain il vient vers moi en disant : je viendrai, c’est sûr !

D’autres jeunes viennent regarder, trois ouvrent carrément la porte du train – ce que, en général, les gens n’osent pas sans y être personnellement invités, un problème qu’on n’a pas encore résolu – et entrent « pour voir ce qui se passe ».

Un autre jour, ce sont deux garçons qui tournent autour du train et, quand on les invite, viennent boire une Fanta dedans.

Je me rends vite compte que je ne peux pas rester dans mon train en attendant que les gens viennent. Faut donc sortir.

Au début, ce n’est pas difficile, car je veux faire connaissance. Je vais dire bonjour au guichet, dans le buffet de la gare, dans le dépôt à l’équipe de déblayage. Ensuite cette équipe dans sa totalité vient boire le café dans le train, c’est si sympa.

Ensuite, c’est plus compliqué : comment faire pour parler aux gens, que dire ? Ce n’est pas mon style d’accoster les gens comme ça, je me sens vite mal à l’aise.

Sauf si j’ai besoin de quelqu’un pour m’aider ! La, ça va tout seul. « Monsieur, s’il vous plaît, pouvez-vous m’aider à changer la bouteille de gaz ? Je n’arrive pas. » (C’est vrai). « Monsieur, s’il vous plaît, j’ai de la peine à remplir le réservoir de mazout, vous seriez d’accord de donner un coup de main ? » « Monsieur, je n’ose pas changer le réchaud de camping-gaz, pourriez-vous juste… ? »

Les gens, au début un peu perplexes, sont TOUJOURS d’accord. Et ça crée des discussions intéressantes, et les gens promettent de revenir, avec leur femme, leurs enfants…

Ce qui va bien aussi, c’est quand je sors pour faire la vaisselle, pour mettre une affiche, pour coller un papillon, pour sortir le chien. Mais après… ?

Pendant la période de Noël, j’en parle à Dieu. « Tu me connais, j’ai beaucoup de peine à parler aux gens sans « déclencheur », comment faire ? Je ne sais PAS comment faire… »

L’idée me vient de faire des cartes de Noël, de les offrir aux gens, de voir ce qui se passe, d’y aller comme ça.

Les premières cartes sont trop compliquées, c’est très joli mais ça prend un temps fou de les faire, alors je reste encore dans la wagon, ça ne va pas. Alors faut revenir à l’essentiel…

Et c’est drôle : dans ce temps d’information et de communication de plus en plus sophistiquées, où les annonces sont rendues presque parfaites par l’ordinateur, mais où les gens sont un peu ennuyés par justement tout ce flot de choses bien imprimées et parlantes et bien fichues – moi, j’ai plutôt envie de faire des cartes toutes simples, d’écrire à la main un texte de bénédiction avec des couleurs différentes et… d’en rester là.

Mes expériences sont bonnes. Ici aussi, les gens sont un peu perplexes, mais à part quelques rares exceptions (non merci, ça ne m’intéresse pas), ils acceptent volontiers ou même très volontiers. « C’est gentil, merci ! » « Oh, c’est cool, merci ! » « J’suis pas très branchée sur Dieu moi, mais ça fait plaisir ! »

Bon, ça va pour Noël et pour la Nouvelle Année – mais comment je vais faire maintenant que les fêtes sont passées, je ne sais pas encore. On en parlera avec le groupe de soutien.

Tiens, le groupe de soutien : on aura notre retraite le 4-5 février. Je me réjouis.

Ils ont organisé la petite fête pour débuter la période de l’hiver, dans une salle au centre, mise à disposition par la paroisse évangélique d’Echallens, la « protestante » étant trop petite.

Ils sont venus à tel ou tel moment, vivre un office, apporter un gâteau (Jean-Claude fait fort, toujours !), ils ont téléphoné pour prendre des nouvelles, ils ont prié, ils pensent à ce ministère, ils m’encouragent. Parfois ils prennent des amis ou des connaissances avec eux, et ça fait très plaisir. Bernard est inépuisable pour donner des coups de main, et surtout, pour être tout simplement là, vivre un office, en parler, penser à des améliorations, pour manger et prier ensemble.

Et puis les gens sur place : le conseil de paroisse, Philippe Morel, le pasteur : quel accueil ! Cela commençait déjà avec Roselyne, qui apportait à manger quand j’arrivais avec le tipi – ça continue avec Roselyne qui offre sa douche, et « un lieu chaud au cas où… ! » Son visage devient familier lors des offices…

Puis Philippe qui me dit qu’il est toujours là pour un coup de main, qui aide à trouver une solution quand on gèle solidairement parce que la génératrice ne veut plus, qui fait la pub dans et en dehors de la paroisse, qui me passe la parole lors du discours autour du feu de l’Avent devant la gare…

Puis le président du Conseil et sa femme, qui me voient geler et qui reviennent avec des bottes du Canada, des polaires, des couvertures en laine… C’est trop gentil tout ça !

Puis Jean-Marc qui m’offre la douche chez lui, qui va revenir avec un groupe de jeunes…

Puis un des responsables du club Kiwani, qui m’invite pour la soirée de Noël du 24 au château, pour ceux qui ne veulent pas rester seuls. Difficile pour moi d’accepter, je ne peux pas quitter le train car j’ai annoncé ma présence durant toute cette période de Noël… En même temps, ça fait bizarre de rester dans le train quand je suis invitée à une fête de 130 personnes…

La solution arrive dans la personne de Jean-Claude, de mon groupe de soutien, qui débarque à 19 h. et annonce qu’il a « tout son temps ». Je file donc au château pour dire bonjour et merci au club Kiwani et pour laisser quelques papillons ; je ne trouve pas celui qui m’a invitée, je repars donc en disant que je ferais un saut plus tard…

Et quand je fais ce saut plus tard, les gens se montrent tellement contents que je suis là, que je reste. Jean-Claude assure la permanence dans le train, moi je mange, je fais des tas de rencontres, on me demande de prendre la parole devant ces 130 personnes, d’expliquer ce que je fais, de dire un message de Noël… C’est si inattendu et si beau, tout ça !

Et les gens qui viennent dans le train ?

Ils sont très divers. Les jeunes dont je viens de parler. Un couple plus âgé à qui j’ai donné une carte et qui viennent boire un café, qui en parlent après à leurs amis que je rencontre en sortant le chien… Puis des gens qui ne me connaissent pas mais qui ont lu un article dans un journal… Et des gens que j’ai rencontrés sous le tipi.

Une jeune qui accompagnait le camp de KT au début duquel je suis intervenue, à Bioley-Orjulaz. Une dame qui me découvre à genoux en essayant de coller une affiche sur un panneau récalcitrant, qui vient boire quelque chose au chaud et qui revient pour des offices. Des gens dont j’ai fait la connaissance durant la première année d’Evangile en chemin déjà, avec qui des liens forts se sont créés : Chantal, avec qui j’ai partagé beaucoup d’heures intenses. Les Trezzini de Lausanne, Florian qui a gardé mes bêtes à Rovéréaz et Laura sa sœur : leurs dessins décorent toujours ma roulotte – ils sont revenus à la fête de Corcelles, puis à Echallens, et maintenant on partage la fondue du samedi soir ! La fondue également avec Ezio qui était déjà venu à Ferlens, à Pampigny et au hangar – avec Christine, qui a fait des trajets avec Speedy et moi durant la première année, et qui a participé à la retraite de Pâques – avec Catherine dont la présence m’est devenue importante…

Des gens d’Echallens, de Lausanne, de Nyon, de Fribourg, de Neuchâtel. Au fond, un peu de partout.

Et l’équipe de France 3 régions, qui vient voir le train en ayant lu l’article dans le Temps. Pas facile, une caméra qui me suit quand je donne une carte aux gens attendant sur le quai, mais les gens sont pas intimidés du tout. Moi oui !

Après, on mange, on discute, c’est fort. Ils restent jusqu’à 18 h., et c’est l’occasion pour une « fidèle » d’Evangile-en-chemin d’apprendre à ignorer un homme agenouillé à ses pieds pour faire un gros plan sur elle en train de prier et de chanter…

Franco est là le matin, et Bernard ; c’est chouette pour l’équipe de TV de pouvoir rencontrer deux membres du groupe de soutien, pour avoir d’autres avis – et visages !

Un Bémol de toute cette période : je tombe malade le 10 décembre et n’arrive pas à vraiment récupérer jusqu’à maintenant… C’est long, je suis épuisée et j’ai la tête pleine de ouate. Cela n’aide pas, mais c’est intéressant de perdre la voix – et donc la parole – et de dépendre des autres, qui vont la prendre. Qui vont chanter. Qui prennent la relève ! Une bonne leçon, au fond – mais je suis contente quand même que je vais mieux, maintenant !