Étape de Mathod


Étape de Mathod (2-4 octobre)

Puisque le groupe de soutien à tout à coup déplacé l’heure du
rendez-vous à Mathod de 20 h. à 16 h., je me fais des soucis comment
arriver à l’heure: c’est loin, de Bofflens à Mathod, avec Speedy à 2 km
à l’heure. Peut-être que si je ne lui mets pas son bât…? Car là, il
avance, on augmente facilement le tempo à TROIS km à l’heure, ce qui
est bizarre, étant donné que je ne lui mets que mon pique-nique, l’eau,
les cartes, quelques pommes et une Bible…

Fabienne a résolu le problème en demandant à un voisin avec un van…
ainsi je fais de l’auto-stop jusqu’à Mathod, et me voilà arrivée sur
place sans faire aucun effort… ce qui est étrange et me laisse même un
peu déboussolée. Mais comme ça je serai à l’heure, et je peux aider
Bernard et Jean-Claude à monter le tipi. On mange ensemble, Gabi le
facteur nous donne un coup de main, tout va très vite, l’eau et
l’électricité chez les Pointet à la scierie, c’est fait. La paroisse
nous accueille à 16 h. avec un thé plus qu’abondant, et ainsi on peut
réfléchir ensemble à ce que signifie l’évangélisation, l’accueil, la
présence. Réfléchir aussi au projet pour l’hiver, car on n’a toujours
pas trouvé de lieu…

Samedi matin est tranquille, quelques personnes passent, viennent
boire un café, et je retrouve Christine Reymond que je connais depuis
le temps où j’étais pasteure à Fiez. L’après-midi est moins calme, mais
c’est bien! : depuis 15 h. jusqu’à 19.30, l’heure de la rencontre-tipi,
il y a du va-et-vient. Des enfants viennent caresser l’âne, restent
pour chanter dans le tipi. La nuit tombe vite, je dois fixer une lampe
pour qu’on puisse encore lire les textes des chants. Et il fera froid
cette nuit! Heureusement que j’ai l’habitude, à mon alpage…

Dimanche, le culte a lieu au temple. J’ai laissé toutes mes
préparations au chalet, malin!, mais je sais ce que j’ai envie de dire
: l’essentiel! C’est quoi, le plus important pour moi, pour vous? Quand
je pars en vacances à vélo avec le chien dans la carriole, je dois
réduire et réduire encore mes bagages, puis faire encore un dernier
tri, car c’est trop lourd, trop encombrant. Qu’est-ce qui reste dans
notre vie si on enlève tout ce qui n’est pas strictement nécessaire? A
quoi se résume l’essentiel? De notre foi aussi?

Le psaume 27 le dit au verset 4: J’ai demandé unechose au Seigneur,
ce que je désire vraiment: c’est de rester auprès du Seigneur tous les
jours de ma vie, pour regarder sa beauté, sa bonté, et pour le
découvrir dans sa réalité.

Thomas, selon Jean 20, 28, dit l’essentiel avec ses mots à lui,
quand il rencontre Jésus qu’il croyait mort et qui se tient devant lui,
incroyablement vivant : «Mon Seigneur et mon Dieu!»

Des siècles plus tard, Nicolas de Flüe reprend ces paroles pour en
faire sa prière, son essentiel à lui : «Mon Seigneur et mon Dieu,
enlève-moi tout ce qui m’éloigne de toi – mon Seigneur et mon Dieu,
donne-moi tout ce qui me rapproche de toi – mon S
eigneur et mon Dieu,
enlève-moi à moi-même et donne-moi tout à toi!»
Encore plus tard, c’est le professeur Karl Barth qui, en visite aux
Etats-Unis, répond à la question d’un journaliste : «Si vous deviez
résumer toute votre connaissance considérable en théologie, et la dire
dans une phrase, qu’est-ce que vous diriez?» Barth répond avec les
paroles du chant d’enfant le plus connu là-bas : «Jesus loves me, this
I know, for the Bible tells me so!» : «Jésus m’aime, ça je sais, car la
Bible me le dit!»
Et récemment une personne dans le tipi le dit encore autrement :
«L’essentiel pour moi, c’est que je ne suis pas seule, car Dieu est
avec moi.»

Et nous, c’est quoi l’essentiel pour notre vie, pour notre foi?
C’est aussi pour cela qu’on peut dire merci!
Ce qu’on fait en écrivant notre essentiel sur des post-it, qui seront
collés sur la roulotte lors de l’apéro qui s’ensuit. Elle devient
toujours plus belle, ma roulotte, elle était déjà décorée par les
dessins des enfants de Bofflens, et maintenant elle porte tous ces
«merci»…!

Après le pique-nique à Suscévaz, c’est Jérémie qui me tient
compagnie et sort mes deux bêtes. Le soir, on est une dizaine au tipi
pour partager autour du chant «Abba, Père, je veux être à toi
seulement» que Jérémie a proposé, à prendre la Cène et à recevoir la
bénédiction. Et c’est sous la pleine lune que je rentre le soir à mon
alpage, le cœur rempli.