Etapes de Juillet – Août 2010


Après mes vacances d’été, le trajet reprend avec l’étape de Vevey, décrite ci-dessous, avec un peu plus de détails, car destinée à une diffusion plus large.

25-27 juin: Vevey

Extrait de l’EERV Fl@sh


2-4 juillet: Blonay

Petite balade sympa de Vevey à Blonay, au-dessous du château, où Florence Meyer, diacre, m’attend déjà. Nous installons le tipi ensemble et partageons le repas qu’elle a préparé. Samedi il fait très beau, plusieurs personnes passent, dont quelques-unes que je connais déjà: Jeannette, dont j’ai fait la connaissance à Forel, il y a une année, et Evelyne et Marlyse de Chardonne.

Il y a comme toujours les discussions à bâtons rompus, il y a aussi des moments plus longs et intenses, comme avec une personne qui revient pour parler d’un moment important vécu sous le tipi lors de l’étape à Vevey; comme avec une personne vivant une période dure dans sa vie; comme avec une personne qui dit avoir perdu la foi, sans qu’elle sache très bien pourquoi. Il y a l’apéro partagé avec trois hommes du coin: Stéphane qui s’est occupé de l’enclos pour Speedy, le tenancier du café qui m’invite chaque matin pour un café-croissant, et le voisin d’en face qui apporte la bouteille et les verres.

Priscille, la coordinatrice de ce week-end, me rejoint dimanche après-midi, avant la rencontre avec le groupe de soutien qui, en plus de s’occuper du bon déroulement et de vérifier si Evangile-en-chemin garde bien son cap, a la mission ce soir de mettre Speedy dans un van: l’étape prochaine, Villars-Tiercelin, est trop éloignée pour pouvoir le faire à pied, et ce n’est pas l’âne cette fois qui impose son caractère: pendant que Priscille, Valérie, Aude et moi, on regarde, ce sont Franco, Bernard, Jean-Claude et Roland qui, selon les directives de Jacob Geiser, le propriétaire, portent quasiment l’âne récalcitrant dans la bétaillère – ouf! – heureusement que cette manière de faire le trajet reste une exception!


9-11 juillet: Villars-Tiercelin

Le trajet, ce vendredi, est court, et Speedy, que je ne connais qu’à 2 km à l’heure, me surprend par sa volonté d’avancer. Est-ce l’autorité du syndic de Villars-Mendraz, Monsieur François Cornu, qui m’accompagne sur ce trajet?! Mais on se rend compte que les vrais responsables, ce sont les taons: ils sont partout et le pauvre Speedy ne sait pas comment faire pour s’en débarrasser – alors il trotte! Vers le pré d’Etienne Gerber, agriculteur, avec sa femme Aline et leurs enfants Chloé, Naömi et Florian. Nous aurons un super contact ce week-end et parlerons beaucoup.

Mes amis hollandais, Maaike et Aart, sont là aussi, et heureusement, car on a de la peine avec le tipi cette fois: il est aussi récalcitrant que l’âne parfois, et en plus nous ne trouvons pas le matériel que Franco avait déposé pourtant tout près. Ensemble ça va mieux, mais ça devient tard, ils doivent partir en Hollande et je n’ai pas eu le temps pour le repas promis… Arrive alors sur scène Roselyne, du Conseil de paroisse, avec un repas tout près, bouteille de rosé, salades, gâteaux…quel cadeau!

Ce week-end il y a très peu de personnes du village qui viennent – pourquoi? Je ne sais jamais. Peut-être parce que l’âne est caché derrière le tipi et la roulotte? Peut-être parce que c’est un pré privé? Par contre, il y a du monde d’ailleurs, entre autres Denise, psychologue, qui est de retour de Haïti et nous raconte son projet de créer une formation à l’écoute, là-bas sur place, pour que les gens qui ont souvent tout perdu puissent s’entraider, les personnes les plus gravement atteintes pouvant faire appel à des psychologues formés venant de chez nous (ou ailleurs!).

Le dimanche soir il fait trop chaud pour faire la rencontre de 17 h. sous le tipi, alors nous sommes 24 à nous rassembler sous les cerisiers, à côté de Speedy, qui fait ainsi partie et participe à sa manière. Je dois juste veiller à ce qu’il ne pique pas le pain de la Sainte Cène, sinon il se comporte très dignement…


16-18 juillet: Hermenches

Suite au conseil d’une grand-maman de Blonay, j’ai acheté de l’huile essentielle de laurier pour chasser les taons, et ça semble aider un peu, mais pas assez, donc Speedy trotte encore vers Hermenches. Ce sont Patrick Cavin et Karin Weber, municipale, qui nous accueillent ici, sur le terrain de foot. Il fait toujours et encore beau et chaud, presque trop, mais ici je suis à l’ombre, à côté d’un petit ruisseau, ça fait du bien!

Le tipi installé, Jean-Claude et moi mangeons ensemble et demandons aux deux hommes qui sont en train de faucher à côté, s’ils veulent prendre un verre avec nous. D’autres se joignent, une discussion passionnante démarre et nous nous quittons seulement vers minuit! Ce week-end est tranquille, ici aussi il y a plus de personnes qui viennent d’ailleurs, mais celles du village sont particulièrement accueillantes! Comme la syndique, Madame Marlène Rod, qui lors de la rencontre du matin voit notre tableau cassé et qui, puisque c’est son hobby, le prend chez elle et le ramène, réparé! Denise revient, et un des agriculteurs venus le vendredi soir.

Ce qui me fait plaisir, c’est la remarque d’une des participantes à la rencontre du matin: «Ces textes du matin (voir sur le site, «textes des trois rencontres», les premières 5 pages) me donnent l’impression de faire partie, de ne pas être exclue.» Ce n’est pas la première fois que j’entends cela, et ça m’étonne: ces textes sont exigeants, denses, pas «dilués» du tout – et en même temps, apparemment, ils rassemblent, rassurent, encouragent, invitent à aller plus loin. Cela me réjouit beaucoup.


23-25 juillet: Denezy

Le trajet Hermenches-Denezy est beau – mais trompeur… Déjà à Moudon je prends un «raccourci» qui après une rude montée et une rude descente m’amène après ¾ heure sur une route qui ressemble rudement à la route venant de Hermenches. Pas étonnant: c’est la route de Hermenches! De mauvaise humeur – car c’est un long trajet aujourd’hui – je prends la grande route de Moudon à Thierrens, comme ça au moins je ne peux pas me tromper. Pourquoi Speedy ne veut-il pas trotter aujourd’hui, où ça serait si nécessaire?!

Un agriculteur nous abreuve les trois, on discute un moment, il me montre un raccourci sûr: après le dos d’âne prendre le chemin à droite, qui me mènera tout droit à Neyruz. Je suis soulagée, car la grande route, ce n’est pas le top, et je m’engage en chantant sur une petite route jolie et ombragée. En chantant encore je sors de la forêt, j’admire la vue, puis m’étonne que Moudon, pourtant quitté il y a des heures, semble si près. Je vois le panneau du village devant moi. Non, ce n’est pas Neyruz, c’est Bussy-sur-Moudon. Je suis fâchée contre moi-même et le monde entier, mais je dois bien assumer…

Heureusement il y a quelqu’un qui assume avec et même pour moi: Bernard le fidèle que j’appelle au secours arrive et prend Speedy, car j’ai les genoux en miettes, et je ne peux vraiment plus: j’ai une maladie musculaire qui se manifeste parfois peu, parfois beaucoup, et cet été c’est souvent pénible.

Ce sont Olivier et Dina Buttex qui accueillent Evangile-en-chemin à la cure de Denezy, une maison connue par des centaines de catéchumènes et d’enfants, car longtemps utilisée comme une sorte de gîte, avec son grand espace et ses dortoirs. Maintenant c’est la production de CD «VDE-Gallo» qui s’y est installée, et je retrouve des vieux amis, car c’est avec Olivier que se sont réalisés les deux CD de chants d’enfants «Chantons la Bible»: le premier quand j’étais pasteure à Fiez ( il y a 14 ans…!), le deuxième avec mon amie Thea et d’autres groupes d’enfants.

L’endroit est magnifique, la vue superbe! Mais c’est un peu à l’écart, il faut vraiment savoir et vouloir pour venir, les gens viennent plus facilement quand ils «tombent dessus» un peu par hasard. Mais il y a les voisins-vacanciers allemands avec qui j’ai de longues discussions, et des personnes de la région. Je me réjouis de retrouver Laurence et Jean, les pasteurs de la paroisse, qui viennent régulièrement pour des rencontres-tipi et des repas. Des repas tous préparés par Dina – je n’ai rien à faire ce week-end! – et venant fraîchement du jardin immense!

Avec une personne je partage un moment fort, que je ne vais plus oublier.

Lundi, Olivier et Dina amèneront Speedy à Mézery, chez les Vuagniaux, où il passera une semaine-et-demie: de temps en temps un week-end de congé n’est pas du luxe, et de toute façon je ne peux pas être en route avec un chien paniqué à cause des pétards du 1 août…!


6-8 août: Cronay

C’est avec Alexandre Stern, un journaliste-réalisateur s’occupant des émissions religieuses de la TSR, que je fais le trajet Mézery-Cronay. C’est idyllique, ça ne ressemble en rien au marathon de l’étape précédente! Alexandre vient pour regarder comment ça se passe concrètement, avant de venir avec son équipe le week-end du 21 août, pour une petite émission de 7 minutes.

Il fait encore beau, ce week-end! Nous arrivons tôt au terrain de foot à Cronay, où Bernard a déjà monté le tipi, avec l’aide de deux agriculteurs du coin, les Viquerat (mais ce nom ne dit pas grand-chose, il y en a partout ici!)

Je n’ai peut-être jamais vécu un calme aussi grand que dans ce village: non pas le manque de visiteurs!, mais le silence de la nature autour.

Les voisins m’invitent, j’ai une longue discussion avec le pasteur, Alexandre Mayor, des gens viennent manger; oui, c’est sympa: ici, il y a toujours quelqu’un ou plusieurs pour partager le repas; les mains pleines ou vides, car il y a de toute façon toujours de quoi manger! Pas mal de SMS ce week-end, ce qui me réjouit, car c’est une autre manière de participer: en demandant des prières, en donnant des nouvelles…

Et je suis réjouie de la rencontre du dimanche soir, où le partage est particulièrement animé, profond aussi. Comme le dit Bernard ce soir: on est dans un tipi, assis en rond, et nous formons une toute petite communauté où nous nous portons un petit bout les uns les autres. C’est ça, l’Eglise de Jésus-Christ…

Après le repas partagé avec tous les participants Raymond Viquerat amène Speedy chez lui, pour la pause de la semaine.


13-15 août: Cheyres (Fribourg)

Nous faisons une petite escapade dans le canton voisin: on voulait passer par le lac avant de passer à Combremont et, ayant dû inverser les deux étapes, nous passons d’abord «en haut», dans ce petit camping si sympa où les gens de la paroisse protestante du coin nous attendent avec beaucoup de chaleur et d’enthousiasme.

Le trajet n’est pas long, mais j’ai mal. Tant pis, il fait très beau, et j’ai des rencontres sympas, surtout avec deux personnes: un monsieur sur son vélo, à la Mauguettaz, avec qui j’ai une longue discussion, et une dame entre Yvonand et Cheyres, qui aime tellement les animaux. Pourquoi je précise? Vous verrez!

C’est Pierre Maffli, diacre, qui a organisé l’accueil à Cheyres et qui m’attend avec David, mon voisin du camping, qui a aidé Bernard à monter le tipi. Puisque David a construit son propre tipi qu’il a habité pendant des années, il est un expert, et le montage se fait en moins d’une demie-heure!

Le soir, Roland, Pierre et moi passons dire bonjour au pasteur remplaçant d’Yvonand, Daniel Rouge et sa femme; Pierre les connaît très bien et dit qu’on peut passer sans autre. L’odeur de barbecue vient à notre rencontre, les Rouge ont invité un couple, et, stupéfaite, je découvre le monsieur-à-vélo et la dame-qui-aime-les-animaux, les deux tout aussi perplexes que moi! Nous rions beaucoup, nous restons pour manger (apparemment on peut, non seulement passer, mais aussi manger sans autre!), et c’est si sympa.

Je rentre tard au tipi, avec Pierre nous sortons le matériel de la roulotte à l’aide d’ une lampe de poche, car on n’a pas eu le temps avant…

Un week-end avec pas mal de pluie (c’est surtout embêtant quand on démonte le tipi!). Il y a beaucoup de visites, du camping, de Cheyres, d’Yvonand. Je suis si contente de revoir Solange, pasteure d’Yvonand, en congé de maternité, qui vient avec sa petite Lucie! Beaucoup de discussions, de partages, de questions aussi. (C’est toujours le cas, bien sûr, mais parfois ça marque plus un week-end que d’autres). Beaucoup de chants, car il suffit que quelqu’un demande! Alors nous chantons à quatre voix, de toute façon il pleut dehors, donc autant rester dans le tipi…

Dimanche soir Karen, du camping, et Robert, un copain, amènent Speedy chez les Pillonel. Avec Jean-Claude nous restons un bon moment chez eux, car ils font «l’aventure sur la paille» et aiment bien expliquer leur démarche et leur travail. Donc ça devient tard mais ça vaut la peine!


20-22 août: Yvonand

C’est drôle de participer à une émission TV, pas toujours facile mais passionnant. Surtout quand l’équipe – Alexandre, Bernard et Patrick – est si sympa…!

Alexandre m’accompagne depuis les Pillonel, après avoir fait des prises de vue sur Roland-tracteur-roulotte en route. Il fait beau, et assise sur un banc avec vue idyllique sur le lac je donne mes premières réponses aux questions. Moi je ne me sens pas idyllique du tout: j’ai appris que ma maman a dû être transportée à l’hôpital en urgence. La Hollande, c’est loin à des moments comme ça, et cette semaine j’ai en plus eu un lumbago qui guérit miraculeusement vite mais me rend très fatiguée et fragile. Ma tête semble pleine de ouate, et j’ai de la peine à dire des choses intelligentes…

Mais assez vite je me sens mieux, la tranquillité du lac fait son travail, Speedy est particulièrement obéissant aujourd’hui, comme s’il sentait qu’il ne peut pas se permettre des caprices, et Barou est de toute façon toujours heureux.

Arrivée au camping, ce sont Roland, Bernard et Jean-Claude qui m’accueillent, ensuite le groupe de soutien presque dans sa totalité nous rejoint, car la séance était prévue pour aujourd’hui depuis longue date: ça tombe bien, car j’ai envie de montrer mon groupe, ces gens sans qui Evangile-en-chemin serait impossible. Il ne manque qu’Aude, prise dans les derniers délais de son mémoire de licence.

Nous installons le tipi, les caméras sont bien là mais bientôt à l’arrière-plan, nous mangeons une super raclette préparée par Bernard, nous fêtons Valérie qui attend un bébé!, nous avons notre séance de travail comme prévu et finissons juste à temps pour que l’équipe TV puisse faire des prises d’images dans le crépuscule.

Le samedi est quand même beaucoup marqué par la présence de la TV; je me réjouis mais je ne le trouve pas évident: lire les textes du matin, prier, chanter devant des caméras – écouter une dame qui surgit tout-à-coup pour dire merci, je ne comprends pas tout de suite pourquoi, avec un micro se pointant juste derrière moi – essayer de ne pas essayer de «bien passer»!; accepter que des personnes partent parce qu’elles n’aiment pas la présence des médias… Mais il y a aussi des moments plus spontanés: beaucoup d’enfants amènent des dessins, on commence déjà une deuxième «couronne» dans le tipi!, il y a des moments forts glanés par ci par là; il y a l’interview au bord du lac où ma tête est un peu moins ouatteuse. La journée passe vite, à 16 h l’équipe part.

Ce week-end, encore une rencontre-surprise avec un homme rencontré il y a longtemps dans une prison; des retrouvailles joyeuses avec une personne rencontrée pendant l’étape d’Yverdon; des enfants qui viennent discuter et dessiner; David, le voisin de Cheyres, qui vient rendre visite à vélo; plein de personnes de Cheyres pour la rencontre du dimanche matin; et un moment très fort avec une personne n’allant pas très bien mais avec qui nous vivons fortement la rencontre-tipi et la bénédiction du dimanche soir.

Et ainsi ce week-end assez particulier se termine comme toujours: on mange ensemble (Karen de Cheyres et un ami à elles ont amené un souper de fête!), on range, Speedy est déjà en route avec Bernard pour Chavannes, Roland part avec la roulotte, Franco amène le matériel, Gabrielle le tipi, pour sécher. Et moi je monte à «ma» montagne, fatiguée mais reconnaissante.